2010 Octobre

Uranium et Iodum: une petite philosophe de neuf ans

de Deborah Collins

E. est une fillette de neuf ans qui souffre de malformations congénitales généralisées. Elle est minuscule, à peine plus grande qu’une enfant de quatre ans, et la plupart de ses os sont déformés: sévère scoliose, pieds bots, et un pectus excavatum (enfoncement de la cage thoracique antérieure) si prononcé qu’il a déplacé le cœur sur la droite et laisse peu de place pour les poumons. Son front est large et malformé, avec un réseau de veines apparent sous la peau, et ses organes génitaux ne sont pas complètement formés. Elle a été sous surveillance médicale spécialisée depuis sa naissance et ses parents ont cherché aide et conseil dans le monde entier. Son système immunitaire est sévèrement compromis: le moindre petit rhume provoque des fièvres élevées et des toux qui, comme elle est incapable de cracher, évoluent en pneumonies et se terminent par des hospitalisations prolongées et des traitements antibiotiques à répétition. Elle a été hospitalisée une vingtaine de fois dans sa courte vie, est sous antibiotiques au moins six fois par an et, bien sûr, sous oxygène régulièrement. Durant toutes ces années, ses parents se sont littéralement battus pour la garder en vie; école et centres commerciaux ont dû être évités et visiteurs triés sur le volet.

La première fois que j’ai rencontré E., j’eus un mouvement de recul, non pas à cause de ses déformations, auxquelles j’étais préparée, mais à cause d’une image qui s’imposa à mon esprit: les fournaises infernales d’Hiroshima et de Nagasaki. Un autre élément très distinctif était une forte odeur de levure.

E. a l’apparence d’une vieille femme sage dans un corps minuscule et ses parents me confirment qu’elle est très mûre pour son âge. Elle apprit à lire et à écrire très tôt et a produit des dessins tridimensionnels dès qu’elle a commencé à dessiner. Son langage avancé ne correspond pas à son âge et elle semble peu troublée par sa condition malgré les sévères limitations qu’elles lui imposent. Lorsqu’il y a des situations tendues à la maison, elle devient comme un ‘guide’ pour sa mère; comme si elle était capable d’avoir une vue d’ensemble et de trouver une solution. Un jour, par exemple, la mère d’E. grondait le chien car il était entré dans la maison les pattes pleine de boue. E prit immédiatement sa défense en disant que ce n’était pas de sa faute: « c’est ce que font les chiens. » Réalisant que sa mère était chagrinée par tout cela, E. s’excusa et consola sa mère en lui proposant une manière différente d’agir avec le chien pour éviter qu’il ne continue à causer des problèmes!

La seule vraie peur que ressentait E. était la peur du feu; elle ne pouvait supporter aucune flamme nue dans la maison, y compris la flamme de la cuisinière, et paniquait dès que quelqu’un allumait une bougie. La sirène des pompiers et l'évocation d’incendie la bouleversaient. Elle est très préoccupée du bien-être d’autrui et peut éprouver énormément de chagrin lorsqu’elle entend parler de cruauté, particulièrement envers les animaux. Le seul ‘problème’ de comportement qu’elle semble avoir est la colère, lorsqu’elle n’est pas autorisée à jouer avec ses amis, si l’un d’entre eux a un rhume.

A cause des sévères malformations et de son comportement de ‘vieille sage’, je choisis de prescrire un actinide: Uranium 200C. Les deux jours suivants, elle fut inhabituellement triste, pleurant et se cramponnant à ses parents. Quelques semaines plus tard, elle recommença à tousser, mais cette fois elle put se débarrasser de ses crachats. Elle développa une température élevée, eut très faim et devint agitée. Les symptômes ressemblaient à ceux de Iodine – chaud, faim et agité – et j’aurais aimé pouvoir prescrire Uranium iodatum, malheureusement ce remède n’est pas encore disponible. Je lui donnai donc simultanément Uranium 200C et Iodum200C. C’est E. qui nous montra le chemin à suivre: « J’aurai besoin de ce remède plusieurs fois et après ça ira bien! » Elle apaisa sa mère qui voulait appeler le médecin, qui comme d’habitude prescrirait des antibiotiques et une probable hospitalisation. Pour la première fois, la fièvre baissa et la toux s’améliora sans aucune autre aide médicamenteuse. Depuis, elle a eu quelques petits rhumes qui ont été immédiatement enrayés par une dose d’Uranium. Pour la première fois en neuf ans, la mère d’E. s’est sentie suffisamment détendue pour prendre une semaine de vacances.

Maintenant que l’état de santé de sa fille s’est amélioré, la mère d’E. a commencé à prêter attention à son propre état de santé: « maintenant que je n’ai plus à m’inquiéter à propos de E. » Et de nouveau, E. nous démontre sa sagesse habituelle: « Maman, tu t’inquiètes trop, tu dois apprendre à faire confiance! »  

Ce qui est intéressant, à part l’amélioration générale de son état de santé, c’est que E. n’a plus peur du feu. Elle aime maintenant allumer la bougie au début du repas, la souffle et la rallume. Elle s’inquiète encore lorsqu’elle entend la sirène des pompiers, concernée par le drame de ces familles dont la maison a brûlé, mais elle ne panique plus. Désormais, au lieu d’être un sujet d’inquiétude constant pour sa famille, E. peut s’enrhumer et tousser comme tout le monde et récupérer très vite; son système immunitaire semble être le plus sain de toute la famille!

Photos: Wikimedia Commons
Atomic bombing of Nagasaki on August 9, 1945
Candle flame; Loadmaster, David R. Tribble

 

Catégories:
Mots clés: malformations congénitales, pneumonies à répétition, enfant philosophe, peur du feu, Hiroshima
Remèdes: Iodium, Uranium

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