2012 Décembre

Un romantique rêveur: un cas de Rosa damascena

de Anne Wirtz

En 2001, un homme de quarante ans vint me voir pour des problèmes d’allergies, particulièrement au niveau pulmonaire, lui rendant la vie difficile. Le chat, la poussière, et la bière aggravaient ses symptômes. Après avoir bu de la bière, son nez était complètement bouché.

Enfant, il avait souffert de deux pneumonies et entre trois ans et sept ans avait eu de nombreux traitements antibiotiques. À l’âge de 8 ans, il commença à suivre un régime particulier et reçut des préparations homéopathiques diverses. Il commença à faire du sport, et pendant plusieurs années, sa situation s’améliora.

Il commença à fumer à l’âge de 19 ans et se remit à tousser avec quelques épisodes de bronchites traitées par antibiotiques. Il s’arrêta de fumer à 23 ans et à partir de ce moment-là, tous ses symptômes s’aggravèrent et tombait continuellement malade : « Mon nez est constamment bouché, ça me pompe toute mon énergie. » Il dormait bien mais avait du mal à s’endormir et il se réveillait fatigué ; il avait du mal à démarrer le matin. Il était en stage hospitalier comme élève infirmier. Il avait suivi auparavant des études sur l’environnement mais avait cherché quelque chose qui puisse mieux le satisfaire car le travail sur le terrain dans ce domaine l’avait déçu ; il avait donc choisi de devenir infirmier. Son père est infirmier psychiatrique et il avait réalisé, qu’en fait, il partageait son intérêt pour ce métier.

« Je suis un idéaliste, un rêveur. J’aime l’idée d’un environnement ‘vert’ mais cela manque encore de structure. » Il joue de la guitare dans un groupe d’amis, écrit des chansons, et ils jouent ‘un peu’ en public. « J’essaie de planifier ma vie. Je ne suis pas attiré par la ville, c’est trop tumultueux. Trop de bruit me dérange ; le vacarme, l’agitation, le trafic, les sirènes, etc., être en dehors de la ville est un soulagement ! »

Il vit seul et cela lui convient. Il vécut quelques relations brèves avec plusieurs femmes et est tombé amoureux quelques fois mais il a été déçu. « Depuis, je suis devenu plus réservé. » À l’âge de 21 ans, il tomba vraiment amoureux pour la première fois d’une fille seulement âgée de 16 ans. Ils entamèrent leur relation doucement et prudemment mais elle fut victime d’une attaque, connut des problèmes familiaux et  mit fin à leur relation. « Je voulais être là pour elle et j’ai fait ce que j’ai pu mais quelques mois plus tard, elle me quitta pour un de mes meilleurs amis. »

« Je me ferme lorsque je suis blessé, même par rapport à moi-même. Je ne veux pas sentir la blessure, je la refoule. Ça fait partie de notre culture familiale : un homme ne montre pas ses sentiments. 

« Je suis un enfant unique. Ma mère exprime ses émotions. Mes parents sont vraiment gentils et ils me soutiennent. Mon père est assez renfermé ; il n’exprime pas ses opinions et se sent facilement menacé. C’est comme s’il était engagé dans une sorte de compétition avec moi ! Il m’aime, je le sais, mais notre relation est difficile, bien que comme moi, il en ait envie. Avec ma mère, la communication est plus facile. Mes parents sont tous les deux timides, ils se soutiennent mutuellement de façon inconditionnelle, ce qui est vraiment bien. Ma mère aimerait que son mari soit plus ouvert, mais il est comme ça. Ils ne sortent jamais. Je vois la même timidité en moi. Ma mère a souffert d’une lésion cérébrale lorsqu’elle était enfant. Elle était dyslexique et son esprit était lent ; on lui disait qu’elle était stupide. Elle a eu une enfance difficile, en plus d’avoir eu à émigrer. Elle a toujours été là pour moi et je me suis toujours senti soutenu.

« Dans mon quartier, lorsque j’étais enfant, je pouvais aussi bien être un chef de bande que jouer seul. À l’école, j’étais timide, un bon écolier, mais en marge du groupe. Je me suis fait harceler ; c’était dur. Mon père me conseillait de les ignorer mais ça m’atteignait beaucoup et je devins encore plus timide. Au lycée, j’ai commencé à jouer de la guitare, ce qui plaisait aux autres. J’aimais aller au café, si ce n’était pas bourré de monde. À 18 ans, je sortais facilement avec mes amis. À la fac, j’ai commencé à m’épanouir et à devenir plus courageux. J’eus quelques histoires amoureuses et j’écrivais des chansons sur les « amours brisés », la nature et mon désir d’amour romantique. Lorsque mes amours n’allaient pas bien, je devenais cynique, et je n’aime pas ça. »

Symptômes physiques :

Sinus : « J’ai des problèmes de sinus : les voyages en avion provoquent une pression douloureuse dans les oreilles, particulièrement lorsque le nez est bouché. Depuis l’année dernière, je ne sens plus rien, ce qui m’agace énormément. Les sprays n’offrent qu’une amélioration temporaire. »

Digestion : selles molles avant un examen. Il est végétarien depuis six mois car il pense que cela est meilleur pour lui et pour l’environnement. Il aime le riz et a besoin de boire le soir et la nuit car sa bouche est sèche. Il aime faire du sport ; courir améliore son problème d’obstruction nasale.

Temps : il préfère le temps chaud, mais ni trop humide ni trop chaud. Transpire abondamment par temps chaud et lorsqu’il fait des exercices.

Rêves : travail, amis, musiciens préférés, musique.

« Ma vie est plus concrète maintenant à cause de mon travail à l’hôpital. La relaxation rêveuse de la créativité me manque. J’aime travailler dans le jardin de mes parents et regarder la nature croître et bourgeonner. »

Il aime les relations profondes avec les autres et communiquer au niveau des émotions. Il aime le voyage et les aventures.

Analyse.

Les principales caractéristiques dans ce cas sont l’aspect romantique et la sensibilité. Son ouverture me donne l’impression d’un enfant doux qui me fait complètement confiance pour résoudre son problème. Comme nous l’a appris Jan Scholten, le thème de l’amour correspond à la famille des Rosaceae, et le thème de l’amour romantique qui colore ce cas appartient à Rosa damascena : l’amour romantique, idéal, courtois.

Prescription 
: Rosa damascena 1M, en solution (flacon), à prendre selon ses besoins. J’essaie d’encourager mes patients à suivre leur propre rythme quant à la prise du remède.

Suivi.

Après quatre semaines : le nez s’est légèrement débouché, sa voix est meilleure. Il a eu de la fièvre deux semaines après la prise du remède. Les réactions allergiques au poil de chat ont diminué de 50%. La bière n’aggrave pas son état autant qu’auparavant. Son travail le stresse toujours : « Je n’aime pas demander de l’aide immédiatement, c’est une grosse responsabilité. On ne peut pas se permettre de faire une erreur et je n’ai pas beaucoup d’expérience. » Travailler avec les handicapés mentaux l’intéresse. Il est fatigué. Il a du mal à faire des choix et lorsqu’il en a fait un, se met à hésiter.

Prescription : continuer le remède selon les besoins.

Après deux mois et demi : « J’ai de bonnes nouvelles ! Mon mal de dos a complètement disparu (il ne m’en avait pas parlé lors de la consultation !) et mon énergie est bien meilleure. Mon odorat s’améliore, doucement mais sûrement, mais pas encore à 100%. »

L’obstruction nasale se manifeste de temps en temps ainsi que la réaction à la bière, mais elle ne dure pas.

« Je me sens plus paisible, le stress ne m’atteint pas autant, je le gère ; je grandis. »

Je lui demande s’il pense à une relation amoureuse, il me répond : « Non, pas tout de suite. Avant c’était une question de vie ou de mort, mais plus maintenant. J’ai beaucoup plus confiance en moi ! »

Il a une petite éruption juste au-dessus des poils pubiens mais ça ne le dérange pas vraiment. Il boit beaucoup d’eau le soir.

Après quatre mois et demi : il se sent bien. L’obstruction nasale n’a pas complètement disparu mais son odorat continue de s’améliorer. Il n’a plus de réaction allergique au poil de chat. Il se sent fort et souple. L’éruption est toujours présente mais ne lui cause pas de problème. Il étudie maintenant la psychiatrie et cela lui plaît : « C’est pour ça que j’ai choisi de faire des études d’infirmier. »

Il prend du plaisir à être créatif, joue de la musique et écrit des chansons. « Je veux comprendre pourquoi je fais quelque chose. »

Prescription : continuer le remède.

Après six mois : « Mon odorat est parfait et de nombreuses odeurs liées à des souvenirs couvrant différentes périodes de ma vie remontent à la surface. »

Son nez et ses sinus se sont débouchés ; il respire facilement. Une nouvelle intensité habite sa musique et il a plus d’énergie pour faire ce qu’il aime.

« Je me rends compte que mes fantaisies étaient romantiques, moi au centre en héros acclamé par les gens ou comme une victime gagnant leur sympathie mais incapable de la recevoir. Puis, je suis tombé dans une sorte de mélancolie. Je vois maintenant que ce n’est pas réel, pas de ce monde. Je reconnais ma tendance à être romantique mais je n’y attache plus autant d’importance. Je me suis senti plus fort ces six derniers mois. Je me sens plus en paix dans ma tête. Je prends plaisir à être conscient. J’ai le sentiment que ma vie est riche et je me sens plus connecté et plus conscient de mes sentiments. Mon attitude est plus positive. »

Physiquement, il n’a plus de problèmes.

Après sept mois : il recommence à avoir des problèmes d’obstruction nasale. Il se sent agité et a moins d’énergie. Son odorat est de nouveau en baisse.

Prescription : Rosa damascena 10M, en solution.

Après neuf mois : il se sent bien. Il a réalisé qu’il n’est pas bon pour lui de prendre trop souvent le remède ; il a donc diminué les prises. Il était amoureux d’une fille qui l’a quitté après quelques semaines. Bien qu’il soit déçu, cela n’est pas devenu une question de vie ou de mort comme auparavant.

Son odorat est parfait : « Meilleur que les autres ! »

Lorsque je lui ai demandé si je pouvais publier son cas, comme exemple du remède Rosa damascena, il était très content. Je l’ai rencontré récemment, et il va très bien.

Certains disent que l'amour est une rivière

qui noie les tendres roseaux.

Certains disent que l'amour est un rasoir

qui ensanglante l’âme.Certains disent que l'amour est une faim,

une envie infiniment douloureuse.

Je dis que l'amour est une fleur

et toi, son unique semence.C’est le cœur, effrayé de briser

qui n'apprend jamais à danser.

C’est le rêve effrayé par le réveil

qui ne tente jamais sa chance.C’est celle qui ne peut être prise,

qui ne semble pas pouvoir donner.

C’est l'âme effrayée de mourir,

qui n'apprend jamais à vivre.Lorsque la nuit a été trop solitaire,

le chemin bien trop long

et que tu penses que l'amour est seulement

pour les chanceux et les forts,Souviens-toi, qu'en hiver

bien en-dessous de la neige,

il y a la semence, qui grâce à l'amour du soleil

deviendra rose au printemps.

 

Photos: Wikimedia Commons
Courtly love; God Speed!; Edmund Leighton
Rosa damascena; Rosa “York and Lancaster”; A.Barra

       

 

Catégories: Cas
Mots clés: amour romantique, déceptions amoureuses, idéaliste, rêveur, allergies
Remèdes: Rosa damascena

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