53 pathogénésies « nouvelles » du XX ème siècle.
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POUMON ANAPHYLACTIQUE (Docteur G. Dano)

 

On le nomme encore poumon‑histamine.

L’auteur produit un choc anaphylactique chez un cobaye préparé.

L'auteur sacrifie l'animal 3 minutes après l'injection déchaînante, et prélève reins, surrénales et quelques gouttes de sang.

Les dynamisations sont faites avec ce broyat d'organes.

Le Docteur F. Lamasson et ses collaborateurs ont réalisé une pathogénésie expérimentale de poumon anaphylactique.

(Bulletin de la Société de Médecine Homoeopathique d'Aquitaine, n° 4, janvier 1958, pages 15 à 18.)

 

1. Généralités (Poumon histamine)

Asthénie le matin.

 

2. Système neuro‑psychique (Poumon histamine)

Besoin d'activité.

Diminution du besoin de sommeil sans fatigue correspondante.

 

3. Appareil respiratoire (Poumon histamine)

Sensation de chaleur rétrosternale allant parfois jusqu'à la brûlure.

Sensation de congestion nasale avec envie de se gratter le nez.

Sensation de congestion du larynx.

 

4. Appareil digestif (Poumon histamine)

Sécheresse de la gorge avec besoin de déglutition.

Absence de soif.

Besoin de se forcer pour aller à la selle.

 

5. Appareil circulatoire (Poumon histamine)

Hypertension artérielle modérée.

 

6. Appareil uro-génital, (Poumon histamine)

Règles en retard avec sensation de congestion de pesanteur du bas‑ventre. Leucorrhée, crampes utérines.

C'est un important remède de la diathèse allergique.

 

Références (Poumon histamine)

Pathogénésies homéopathiques françaises. Paru en juin 1996 dans les Cahiers de Biothérapie, n° 10, pages 79 à 86. Dr. R.S. Oloron Ste-Marie.

 

CONTRIBUTION À LA THÉRAPEUTIQUE DES ACCIDENTS ALLERGIQUES ET DE LEURS ÉQUIVALENTS

 

Le « Poumon Histamine »

Préparation. — Mode d'emploi — Possibilités thérapeutiques

par le Docteur G. DANO  (avec l’aimable autorisation de l’auteur, Paris, 18 janvier 1964).

 

La découverte du phénomène de l'anaphylaxie par Paul Portier et Charles Richet , en 1902, a ouvert à la Médecine une voie toujours plus étendue, celle de l'Allergie.

L'étude du mécanisme de ce choc anaphylactique et celui des accidents allergiques ont fait ressortir l'identité des produits élaborés et libérés au cours de ces différents chocs que l'on ramène maintenant à un conflit antigène‑anticorps.

C'est pourquoi nous avons pensé, dès 1951, qu'il serait intéressant de savoir si des doses faibles ou infinitésimales de ces éléments toxiques recueillis chez un animal en état de choc anaphylactique aigu, n'auraient pas une action protectrice on curative chez des sujets en état de crise allergique.

C'est ce que nous avons réalisé en 1952 puis appliqué chez un grand nombre de malades présentant les formes les plus variées d'accidents allergiques ou présumés allergiques.

Nous avons pu ainsi vérifier son action désensibilisante. thérapeutique, non seulement dans les accidents allergiques classiques, mais dans de nombreuses manifestations qui n'ont jamais été considérées comme allergiques mais se produisant chez des allergiques.

Le médicament, s'est comporté comme un test thérapeutique car jusqu'ici nous l’avons toujours trouvé inactif en dehors de la diathèse allergique.

Notre but, aujourd'hui, n'est pas d'apporter de nouvelles observations cliniques mais de décrire avec précision son mode de préparation.

Celle‑ci a déjà été publiée, en 1955, dans le Bulletin de la Société Française d'Homéopathie

Nous donnerons aujourd'hui, avec plus de précision, le protocole de préparation de ce médicament.

Ceci permettra à tous les laboratoires, à tous les pharmaciens, aussi bien en France qu'à l’étranger, de le préparer correctement, et à tous nos Confrères de le prescrire comme un remède ordinaire, de la 4 ème (CH) à la 30 ème (CH).

Dans la communication que nous présentons  , nous envisagerons successivement :

 

Ce que l'on sait actuellement du mécanisme du choc anaphylactique et d'une façon plus générale, du conflit antigène‑anticorps.

Nous ferons de larges emprunts aux communications d'allergologues tels que Dale, Paton, Halpern qui, au Congrès International d'Allergologie de 1958, à Paris, ont apporté de nouvelles précisions.

Nous donnerons ensuite, avec beaucoup de détails techniques, le mode de préparation de ce médicament.

Puis, nous apporterons quelques conseils sur son mode d'emploi basé sur notre expérience personnelle.

Enfin nous envisagerons ses possibilités thérapeutiques.

Notons ici que ce médicament a fait l'objet, en 1958, de deux thèses de Doctorat en Médecine, sous la présidence de M. le Professeur PAUTRIZEL, Professeur d'immunologie à la Faculté de Médecine de Bordeaux, l'une clinique , l'autre démontrant l'action protectrice de certaines de ses dilutions à l'égard du choc anaphylactique chez le Cobaye

 

I MÉCANISME DU CHOC ANTIGÈNE‑ANTICORPS PRODUITS ÉLABORÉS ET LIBÉRÉS

Le mécanisme en est encore incomplètement connu.

On admet qu'à l'occasion d'un choc antigène‑anticorps, il y a libération de substances à pouvoir pharmacodynamique élevé mais préexistant dans certaines cellules sous une forme inactive.

Récemment, on a mis en évidence le rôle d'un groupe (le cellules dites cellules mastocytes (autrefois appelées Matzelen).

L'étude des substances histamino‑libératrices, dont l'action est très proche de celle du choc antigène‑anticorps, a montré une altération brusque de la membrane de ces cellules avec dégranulation puis libération de substances préexistantes sous une forme inactive. Mais libérées et diffusées, elles apparaissent douées d'un pouvoir pharmaco‑dynamique considérable.

 

Substances libérées.

Parmi elles, le chef de file est l'Histamine. L'Histamine, disait Dale, c'est le poison anaphylactique.

C'est un 13 imidiazol dérivé de l'histidine par décarboxylation, dont le pouvoir pharmacodynamique est extrêmement élevé, puisqu'à la dose de 1/200.000.000,  il peut encore provoquer la contraction d'un fragment d'intestin extériorisé dans un liquide approprié.

Cette action élective sur les cellules musculaires lisses provoque le spasme des muscles péribronchiques (bronches fines et bronchioles), ce qui est l'un des facteurs de la crise d'asthme. C'est ce spasme qui provoque la crise d'oedème aigu du poumon dans le grand choc anaphylactique.

Cette affinité est utilisée pour son dosage par la méthode de Code (fragment d'intestin extériorisé).

Notons encore son action sur la perméabilité capillaire (d'où effondrement de la tension artérielle dans les accidents à prédominance histaminique), son rôle dans  la genèse de l’ulcus, son affinité cutanée, son action sécrétoire glandulaire, etc.

C'est en raison de ce rôle prépondérant dans les accidents allergiques que, dès 1945, et pendant plusieurs années, nous avons expérimenté le bichlorhydrate d'Histamine en ionisation et aussi à l'état de dilutions souvent très élevées dans les accidents allergiques à symptômes surtout histaminiques, en particulier cutanés et digestifs .

C'est également en raison du rôle prépondérant qu'il joue dans le grand choc anaphylactique que nous avons été, amené à l'utiliser sous cette forme biologique. Il était naturel d'associer son nom à celui de l’organe anaphylactisé pour désigner ce médicament sous sa nouvelle dénomination.

Est également libérée, à l'occasion de la dégranulation dus mastocytes, une substance possédant un pouvoir antithrombique, que l'on a assimilé à l'Héparine

Enfin, on a isolé un corps doué d'une action plus considérable encore que l'Histamine sur la perméabilité capillaire : la 5 Hydroxytryptamine (Sérotonine).

Parmi les substances isolées ait cours de ce choc, citons encore :

l'Acétylcholine, la Bradykinine , la S. R. S. et des produits mal définis auxquels on a donné le nom d'Anaphylotoxine. On considère généralement cette dernière comme une substance histamino-libératrices.

En résumé, au cours d'un choc antigène‑anticorps, il y a mobilisation de substances intracellulaires qui préexistaient sous une forme inactive.

Libérées brutalement, elles développent en mi temps très court leur pouvoir pharmacodynamique et le drame dure quelques minutes, c'est le choc anaphylactique.

Dans le processus plus lent, plus gradué du choc allergique, on assiste à une sorte de dissociation du phénomène : les affinités tissulaires pour les produits libérés conditionnent des tableaux cliniques en apparence très éloignés —  mais il est admis que le mécanisme général est le même et que les substances libérées sont identiques dans les deux cas.

 

II PRÉPARATION DU MÉDICAMENT DÉSENSIBILISANT

Pour nous procurer la totalité des substances élaborées au cours du conflit antigène‑anticorps, nous avons donc pensé les trouver dans les tissus mêmes où elles s'élaborent au cours du choc anaphylactique.

C'est au cobaye que nous nous sommes adressé.

Cet animal se laisse facilement sensibiliser à l'ovalbumine et on admet que, lors de l'injection déchaînante, c'est au niveau de certains tissus ou organes  — dits de choc — que se localisent plus particulièrement ces éléments toxiques.

Chez le cobaye, l'organe le plus sensible est le poumon non seulement l'alvéole pulmonaire mais toute la muqueuse de l'arbre respiratoire participent activement à la réaction antigène‑anticorps, ainsi que les muscles lisses péri bronchiques et péri bronchiolaires dont le spasme provoque l'emphysème suraigu dont l'animal meurt en quelques minutes.

Toutefois, à l'occasion d'une injection déchaînante, d'autres organes, ainsi que le sang, contiennent également des éléments toxiques : le drame anaphylactique est humoral autant que tissulaire.

La technique à laquelle nous nous sommes arrêté est la suivante :

Nous nous sommes procuré plusieurs cobayes — car certains sujets sont résistants au choc anaphylactique — et nous avons choisi de préférence des femelles car nous les avons trouvées plus sensibles que les mâles.

Nous les soumettons, tout d'abord, à une injection préparante, dans la cavité abdominale, d'une dilution an 1/10 d'ovalbumine dans du sérum physiologique. Un oeuf frais nous en a fourni la matière première. La préparation en est extemporanée.

Deux centimètres cubes sont donc injectés à travers la paroi abdominale et cette injection est répétée 48 heures plus tard.

L'injection déchaînante est faite trois semaines après avec la même préparation : quelques gouttes injectées dans une veine suffisent. Nous avons choisi une veine de la face externe d'une patte antérieure.

Moins d'une minute après, le plus souvent, le grand choc anaphylactique commence à se dérouler : le cobaye se frotte le museau, secoue la tête, s'agite, cherche à s'échapper ; puis, il titube devient dyspnéique s'étend sur le flanc, perd ses urines, défèque. Sa respiration est de plus en plus difficile.

C'est le moment que nous choisissons pour le sacrifier. Environ trois minutes se sont passées depuis l'injection déchaînante.

Nous ouvrons alors le thorax en coupant le sternum avec des ciseaux puis, avec une pince et une paire de ciseaux stériles, nous prélevons des fragments d'organes.

On peut, évidemment, se contenter de prélever un fragment de poumon, mais lors de nos recherches, nous avons prélevé d'autres organes ou tissus, ainsi que du sang, que nous avons ou non associés au poumon.

On prépare, par avance, un mortier stérile, contenant un peu de sable siliceux fin, lavé et stérile — et on aura à sa disposition du sérum physiologique stérile.

Un fragment de poumon est donc prélevé — sans chercher à en éliminer le sang. Il est rapidement pesé, puis, aussitôt après, broyé avec le sable. On ajoute progressivement le sérum physiologique, dans la proportion de 9/10.

Un volume déterminé du liquide surnageant le broyat est mis dans un flacon stérile et on ajoute 9/10 du sérum physiologique.

Cette préparation constitue notre première centésimale de ce que nous avions appelé Poumon anaphylactique et qui sera désigné dorénavant sous le nom de Poumon Histamine.

Sans tarder, on prépare la 2 ème  centésimale. Elle sera faite, comme la première, avec du sérum physiologique, avec un nouveau flacon stérile, dans la proportion de 1/99.

Il en sera de même pour la 3 ème centésimale, mais à partir de la 4 ème (CH), on utilisera de l'eau bi distillée, ainsi que pour les dilutions suivantes jusqu'à la 30 ème (CH).

Toutes ces manipulations, jusqu'à la 30 (CH) seront faites aussi rapidement que possible, afin de réduire au maximum l'altération des éléments actifs dont certains peuvent être très fragiles.

Les précautions habituelles seront prises pour éliminer toute imprégnation de substances étrangères, comme la fumée, les odeurs, etc.

Les flacons seront neufs et n'auront subi aucun lavage avec des produits chimiques.

L'eau utilisée sera de l'eau bi distillée (et non de l'eau distillée du commerce).

Les trois premières préparations seront simplement homogénéisées au cours des manipulations mais sans leur imprimer les succussions prévues pour les suivantes, ceci, afin d'éviter l'oxydation des substances actives.

Par contre, à partir de la 4 ème (CH), elles subiront 100 succussions énergiques.

Ces trois premières préparations seront conservées soit dans des flacons préalablement stérilisés, bien remplis, soit en ampoules également stériles qui seront scellées après remplissage.

Flacons et ampoules seront placés dans un réfrigérateur à une température voisine de 01.

Nous conseillons de préparer les sept premières dilutions immédiatement après les trois premières.

Les dilutions mises à la disposition des praticiens s'étageront ainsi de la 4, à la 30 ème (CH).

Nous disions plus haut que nous avions fait des prélèvements sur divers organes ou tissus.

Nous pensions que la répartition des éléments actifs du choc antigène‑anticorps n'était peut‑être pas identique d'un organe à l'autre. C'est ainsi que nous avons utilisé les mélanges d'organes

Et c'est pourquoi, dans le mode de prélèvement que nous indiquons, nous n'éliminons pas le sang qui est également vecteur des produits du choc antigène‑anticorps.

Une part importante de ces résultats a été obtenue avec des dilutions Korsakoviennes. Celles‑ci avaient été préparées à partir de la 3 ème (CH), avec l'appareil Jarricot.

Nous avons également largement utilisé les 50 Millésimales qui ont une action très précieuse dans les cas cutanés et psychiques.

Nous regrettons de plus la mesure administrative qui, s'appliquant à l'ensemble de notre thérapeutique, interdit aux pharmaciens, depuis 1954, la préparation des deux formes de médicaments dont tous les praticiens avaient reconnu la valeur.

Nous voulons espérer que les raisons obscures et dénuées de toute base scientifique qui ont conduit à solliciter cette interdiction ne prévaudront pas indéfiniment contre l'intérêt de nos malades.

Les dilutions centésimales hahnemanniennes étant donc seules autorisées, nous allons donner quelques indications sur leur emploi basées sur notre expérience et sur celles de confrères.

 

III MODE D'EMPLOI

La plupart de ceux qui ont expérimenté ce médicament ont observé que lorsque le sujet est authentiquement allergique, on peut obtenir des résultats quelle que soit la dilution employée, ce qui semble une preuve de son exacte adaptation au choc antigène‑anticorps.

Cependant, chez les enfants et, d'une façon générale, au début d'un traitement, il y a intérêt à commencer par des dilutions assez basses (de la 4 ème, à la 7 ème, (CH).

On peut également grouper certaines de ces dilutions pour rechercher la note amortie si appréciée des Korsakowiennes qui sont des mélanges de dilutions.

C'est ainsi que nous avons souvent utilisé le mélange 456 CH, 567 CH, mais ces mélanges ne sont nullement nécessaires si l'on tient compte de la remarque suivante :

La masse sous laquelle est administrée une dilution quelconque semble avoir une importance sur la profondeur de son action.

C'est ainsi que 5 à 10 granules agissent nettement mieux que 1 ou 2 granules.

On pourrait en dire autant de quelques gouttes d'une solution alcoolique de la dilution dans une certaine quantité d'eau.

Ces observations semblent en contradiction avec une certaine forme de raisonnement qui nous est familière, mais les faits observés sont trop nombreux pour qu'on puisse les mettre en doute.

Dans la pratique, on obtient de très bons résultats en faisant dissoudre 1 ou 2 granules dans un verre d'eau et en faisant prendre le contenu en 3 ou 4 fois dans le courant de la journée.

Avoir soin d'agiter le liquide avec une cuillère avant la prise, procédé inspiré de la pratique d'Hahnemann lui‑même et qui nous semble de beaucoup le meilleur, d'après nos observations.

Notons, cependant, que, pendant de nombreuses années, nous avons utilisé ce médicament en granules, suivant l'usage habituel, et nous avons obtenu de très bons résultats dont certains ont été publiés dans les « Annales Homéopathiques Françaises ».

C'est donc assez récemment que nous nous sommes arrêté à cette façon d'administrer le médicament et l'intérêt que nous lui avons trouvé nous a incité à le signaler.

Nous avons conseillé, tout à l'heure de prescrire, au début, des dilutions basses ou moyennes, mais assez rapidement, pour obtenir un résultat plus durable, il sera nécessaire de monter dans l'échelle des dilutions.

Administrées de préférence sous la forme que nous préconisons, la 12 ème, la 15 ème, la 18 ème et la 30 ème (CH) témoignent d'une action très douce, souvent très rapide et surtout prolongée, ce que n'apportent pas des dilutions plus basses.

À noter que dans les cas nerveux oit psychiques, ainsi que dans les cas d'hyperfolliculinie, les dilutions élevées sont préférables d'emblée.

Une règle assez simple pour la prolongation ou la reprise du traitement est la présence ou la réapparition de quelques signes allergiques même bénins : le terrain allergique a besoin de cette sollicitation répétée à bon escient —  ce qui espace les manifestations plus bruyantes.

Car il ne faut pas oublier que l'on ne guérit pas un allergique mais que, d'une façon plus ou moins heureuse, plus ou moins longue, on le met en sursis.

 

IV POSSIBILITÉS THÉRAPEUTIQUES DE CE MÉDICAMENT

Rappelons tout d'abord ce que nous disions de l'identité actuellement admise entre produits libérés à l'occasion d'un choc anaphylactique et d'un accident allergique.

Comme dans ce médicament existent ces mêmes produits (à doses faibles ou infinitésimales), on peut le considérer comme un isopathique du choc antigène‑anticorps, c'est‑à‑dire un simillimum à l'égard des manifestations allergiques en général.

Sans doute, pourrait‑on envisager son emploi homéopathique — à cet égard nous tenons à remercier notre Confrère et Ami, le Docteur Lamasson, qui a fait sur lui‑même et avec certains de ses collaborateurs des séries d'essais pour ébaucher une pathogénésie.

Ces expérimentations ont fait ressortir une affinité toute particulière pour la région laryngo-trachéale, avec congestion, oedème du larynx, abaissement du timbre de la voix, sensation de brûlure rétro‑sternale.

Il y a donc là une possibilité d'utiliser le médicament suivant la règle homéopathique classique —  mais nous pensons que sa véritable indication est étiologique plutôt que symptomatique — et qu'il doit surtout être considéré comme un isopathique de la diathèse allergique.

C'est pourquoi son indication apparaît comme indépendante de la forme clinique et symptomatique que revêt la réaction antigène‑anticorps car c'est sur la cause même de cette manifestation qu'il agit. Son indication est également indépendante de la nature de l'allergène, car le médicament est spécifique non d'un allergène mais de la réaction que provoque un allergène sur son anticorps.

Cet allergène peut donc être un hétéro‑allergène — pollen, poussière de maison, phanère d'animal, etc. ou un auto‑allergène, c'est‑à‑dire élaboré par l'organisme lui‑même et sa nature nous échappe alors entièrement. Mais dans tous ces cas, que l'allergène soit connu ou inconnu, le médicament reste un simillimum.

Ceci explique pourquoi nous l'avons vu agir dans les cas les plus imprévus, les plus paradoxaux, même dans de véritables psychoses, sur la seule notion de diathèse allergique. Nous en avons publié toute une série d'observations

De plus en plus, d'ailleurs, les allergologues attachent de l'importance à ces auto‑allergènes, résultant d'une auto‑agression, avec élaboration d'anticorps cytotoxiques. Leur rôle apparaît très étendu et dans ce cadre entrent les maladies auto‑entretenues qui échappent aux thérapeutiques classiques et qui ont donné lieu à des manifestations, encore mal connues de chocs antigène‑anticorps.

Ces notions ont donc considérablement élargi le cadre de l'allergie. Mais nous pensons que nous ne sommes qu'au début d'une révision de bien des chapitres de la Pathologie.

Le temps nous étant mesuré nous ne prendrons comme exemple que celui des troubles endocriniens considérés sous l'angle allergique.

COLIP a apporté la preuve que les hormones pouvaient, chez certains sujets — chez les sujets allergiques — acquérir un caractère antigénique et étaient dès lors capables d'élaborer des anticorps cytotoxiques.

Que de troubles hépatiques, pancréatiques, rénaux, thyroïdiens, ovariens, sans compter les troubles du tissu lymphoïde, du système nerveux, du psychisme, ne sont que des manifestations occultes allergiques et trouvent là un véritable simillimum !

Car, lorsque les anamnèses établissent la réalité de la diathèse allergique, on peut interpréter les aspects cliniques infiniment variés qui en résultent comme des équivalents allergiques. À cet égard, ce médicament constitue un véritable test, un test thérapeutique.

C'est ainsi que beaucoup de femmes allergiques semblent se sensibiliser à certaines sécrétions ovariennes, à l'occasion des cycles menstruels. L'allergène Folliculine, en dilution, peut améliorer ces états lorsqu'il est vraiment en cause — mais le Poumon Histamine, en dilution élevée, donné soit à l'ovulation, soit avant les règles, a une action régulatrice indéniable chez beaucoup de femmes de type Lachesis ou Actea racemosa et chez celles que l’on appelle hyperfolliculiniques.

L'hématologie mériterait à elle seule toute une étude dans ses rapports avec l'allergie — et la découverte du facteur Rhésus lui a donné une actualité de tous les jours — mais notre tour d'horizon est nécessairement limité.

De tout ce qui précède, il ressort que le champ d'application de ce médicament désensibilisant doit être très étendu.

Naturellement, il conserve tout son intérêt dans des manifestations habituelles de l'allergie comme l'asthme, le rhume des foins, les rhinites allergiques, l'urticaire, l'eczéma, l'oedème de Quincke, les migraines périodiques, etc.

Mais nous voulions faire ressortir combien sa sphère d'action déborde largement de ce cadre classique : elle est, en fait, à la mesure de cette véritable lésion humorale, tenace, aux aspects protéiformes, si souvent méconnus, qu'est la diathèse allergique

 

Par le fait même que son indication — en dehors des cas classiques — n'est pas basée sur une symptomatologie précise, mais sur une notion d'étiologie, celle d'un état allergique authentique, nous ne saurions trop conseiller à nos Confrères de faire une courte enquête auprès de tous leurs malades aigus ou chroniques, sur leurs antécédents allergiques possibles — personnels et héréditaires — et ils seront surpris du nombre d'allergiques qu'ils pourront mettre en évidence.

En raison même des résultats thérapeutiques que l'on peut attendre de ce médicament, nous voudrions que nos Confrères, non seulement en fassent bénéficier leurs malades allergiques, mais que ce soit aussi une occasion pour eux de continuer un travail à peine ébauché.

 

BIBLIOGRAPHIE (Poumon histamine)

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Colombo (P.) : Problèmes et phénomènes d'auto‑activité et d'auto allergie. Congrès de Neurologie, 1949.

Dale (Sir Henri H.) : The hypersensible condition, the hypersensible reaction. III ème Congrès Intern. d'Allergologie, 1958, p. 337.

 

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Contribution à la thérapeutique des accidents allergiques et de leurs équivalents par le poumon de cobaye anaphylactisé dilué. Ligue Homéopathique Internationale (Congrès) :

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