53 pathogénésies « nouvelles » du XX ème siècle.
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Chlorpromazine

 

Docteur N. P. Pai (Bombay). - Pathogénésie de Chlorpromazine. British Homoeopathic Journal avril 1965, n° 2, pages 102 à 104.

 

Le Docteur Pai nous a habitué à des études passionnantes concernant les diarrhées infantiles, ainsi que le tétanos néonatal.

Voici, qu'il nous donne maintenant une pathogénésie d'un médicament que nous connaissons bien en France, le Largactil.

En effet il ne faut pas oublier, que ce produit a été mis au point par le Docteur Laborit, et qu'il a marqué une ère nouvelle dans la thérapeutique psychiatrique.

La pathogénésie a été établie par 16 expérimentateurs : 12 réels (8 hommes et 4 femmes), 4 fictifs (3 hommes et une femme) puisqu'ils reçurent des pilules vierges.

Le « proving » fut exécuté avec des 30 C. Le voici :

 

Psychisme : (Chlorpromazine)

Perte soudaine de mémoire, allant de quelques secondes à quelques minutes (6). Une expérimentatrice ne put reconnaître un ami intime, jusqu'au moment où ce dernier se fut décrit à elle ; ensemble, ils éclatèrent de rire.

 

Un expérimentateur de 45 ans, se trouva brusquement dans l'impossibilité de suivre et de répondre aux questions qu'on lui posait.

 

En cet instant décrit par lui, comme étant un « trou noir », durant de quelques secondes à une minute, il perdit complètement le sens de l'orientation, dans le temps et l'espace.

 

Distraction (7).

Difficulté de concentration (6).

Impossibilité de penser (5).

Soudain « trou noir » (2).

 

Irritabilité (7). Une expérimentatrice très irritable, fut agréablement surprise de trouver cette caractéristique mentale, changée en une douceur raisonnable, et cet effet dura environ 6 semaines.

Assoupissement (5).

Apathie (5).

 

Sommeil et rêves : (Chlorpromazine)

Insomnie entre 1 heure et 3 heures du matin (6),

1 heure et 4 heures du matin (2),

4 heures et 5 heures du matin (1),

et toute la nuit durant trois nuits successives (2).

Rêves d'éléphant (3).

 

Tête : (Chlorpromazine)

Douleur occipitale (4), frontale (2).

Tète lourde (4).

Douleur et lourdeur aggravées de 17 à 22 heures.

 

Yeux : (Chlorpromazine)

Brûlure (4), aggravation de 17 à 20 heures.

 

Nez : (Chlorpromazine)

Sensation de courant chaud (3).

Nez enchifrené (2).

 

Bouche : (Chlorpromazine)

Sécheresse (3), aggravée de 16 à 19 h.

 

Dents : (Chlorpromazine)

Douleur dans les molaires supérieures (2).

Démangeaisons dans les gencives (3).

 

Gorge : (Chlorpromazine)

Sensation de boule dans la gorge, avec désir constant d'avaler (4).

Dysphagie (3).

 

Abdomen et estomac : (Chlorpromazine)

Douleur importante dans l'estomac, décrite comme une sensation de « raideur » (3).

 

Douleur à type de contusion (2). (Chlorpromazine)

Douleur à type de colique insupportable (4).

 

Le siège maximum de la douleur se situe dans le bas-ventre avec aggravation dans la soirée (3), à 18 h. 30 (2), de 17 à 22 heures (3).

 

Anorexie importante (3).

Nausées aggravées le matin (4).

Constipation sévère (3).

 

Poitrine et dos : (Chlorpromazine)

Douleur importante dans la poitrine et la région dorsale (4).

Douleur oppressive dans la poitrine (3).

Douleur brûlante (4).

Douleur sub-sternale (1).

Douleur aggravée après dîner (4), aggravée après 1 h. 30 du matin (3).

 

Extrémités : (Chlorpromazine)

Douleur dans les bras (2).

Douleur persistante dans les muscles des mollets, aggravation dans la soirée (3).

 

Organes génitaux : (Chlorpromazine)

Homme : Désir sexuel diminué d'une manière marquée (3).

Femme : leucorrhée abondante, comme du blanc d'œuf (2).

 

Température : (Chlorpromazine)

Température modérée, de 37° 2 à 37° 7, aggravation de 15 à 20 heures (3). Aggravation de 18 h. 30 à 20, h. 30 (4).

Aggravation dans la soirée (2).

Frisson avec fièvre (2).

 

Après ce proving, dont je vous ai donné la traduction intégrale, et souvent le mot à mot, voici maintenant, les grandes notions générales, que dégage le Docteur Pai de ce très intéressant, très utile proving :

 

Résumé : (Chlorpromazine)

Caractéristiques :

Irritabilité.

Perte transitoire de mémoire.

Perte soudaine de mémoire.

Absences.

Faiblesse de mémoire.

Distraction.

 

Sommeil perturbé.

Assoupissement.

Insomnie après minuit.

 

Anorexie.

Nausée.

 

Température modérée.

 

Symptômes moins caractéristiques : (Chlorpromazine)

Sensation de boule dans la gorge, avec désir constant d'avaler.

Céphalée occipitale.

Douleur abdominale, à type de colique.

Douleur dans la poitrine, le dos et les muscles du mollet, douleur musculaire.

Désir sexuel diminué chez l'homme.

Leucorrhée épaisse et comme du blanc d'œuf.

 

Modalités : (Chlorpromazine)

Aggravation dans la soirée, en ce qui concerne les caractéristiques générales.

Aggravation le matin, pour la céphalée, les nausées et vomissements.

Aggravation, après minuit, en ce qui concerne l'insomnie.

 

A partir de cette pathogénésie, on peut, certes, très vite, se rendre compte des incidences thérapeutiques de Chlorpromazine 30, en Homéopathie (petit mal, troubles du comportement, insomnie, vomissements de la grossesse, impuissance, leucorrhée, névralgies et myalgies), mais, surtout le point, qui ne doit pas échapper, c'est celui de l'emploi de Chlorpromazine 30, dans 21 cas de jaunisse, où les symptômes étaient trop pauvres, pour pouvoir porter une sanction thérapeutique homéopathique efficace.

Donc, emploi routinier, allopathique, si je puis m'exprimer ainsi, de Chlorpromazine 30, dans 21 cas d'hépatites infectieuses, et cela, à la posologie suivante : 4 granules de 30 CH, trois fois par jour.

Le Docteur Pai signale que la guérison clinique, fut obtenue en huit jours pour les cas moyens, et en deux semaines pour les cas graves.

C'est certainement un remède qui mérite d'être noté et employé dans les indications que le Docteur Pai a bien voulu nous indiquer.

 

Pour ceux, que la question du Largactil intéresse, je signale que Doin a publié, en 1955, un volume in-8 de 980 pages, entièrement consacré au Largactil, et consacré au « Colloque international sur la chlorpromazine et les neuroleptiques » (Paris, 20, 21, 22 octobre 1965), sous la présidence du Professeur J. Delay.

 

Actualisation en 1998. A partir de cette pathogénésie, et depuis fort longtemps (1965), en présence d’un ictère infectieux ou de suite d’ictère, avant toute recherche de similimum, je donne systématiquement Chlorpromazine 30 CH., 2 granules à sucer 4 fois par jour, durant toute la durée de l’hépatite, avec de très bons résultats. Je pense que c’est le remède spécifique de l’hépatite infectieuse en homoéopathie.

 

En 2010, toutes ces remarques de thérapeutique générale, sont plus que jamais valables, je viens de le vérifier chez une de mes anciennes patientes atteinte d’hépatite A à Madagascar, chez qui j’ai prescrit (par courriel) ce remède uniquement sur la notion de diagnostic d’Hépatite. Réponse rapide au traitement avec très bonne évolution.

 


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