2011 Juin

Népal: douleurs abdominales aigües et diarrhée du voyageur

de Huib Wijtenburg

Lors de mon deuxième voyage au Népal, alors que je m’étais finalement assis à table pour un diner tardif, on frappa à la porte. Un de mes étudiants se tenait devant la porte, me demandant si je pouvais venir voir quelqu’un qui était sérieusement malade. Je finis mon diner rapidement et sautait à l’arrière du scooter sur lequel il était venu, emmenant avec moi mon répertoire et ma trousse de remèdes. Il faisait nuit, et après un voyage sur des chemins défoncés, nous arrivâmes dans une de ces maisons typiques de la région ; un rez-de-chaussée terminé mais au-dessus, une ébauche de premier étage jamais fini.

À ce premier étage, une jeune femme était allongée sur un lit en-dessous d’une bâche. Un coup d’œil suffisait pour voir qu’elle allait très mal. Elle se plaignait de douleurs abdominales importantes et ne gardait rien de ce qu’elle mangeait. À l’examen, je trouvais un gonflement douloureux important et pas de péristaltisme. Je diagnostiquais alors une probable invagination intestinale et recommandais que la patiente soit emmenée à l’hopîtal. Après une longue conversation avec mon étudiant, il devint évident que l’hospitalisation n’était pas une option envisageable. Dans ce pays, les gens pensent que l’on va à l’hôpital pour mourir, si l’on peut s’offrir le luxe d’y aller en premier lieu ! Tout le monde me regardait ; il était clair pour tous que j’étais le docteur, le seul à pouvoir la traiter et que l’on me donna la permission de la traiter homéopatiquement.

Dans une situation aigüe, je considère qu’un bon remède doit produire une réaction rapide, dans les 15 minutes. Utilisant la rubrique “Intussusception”, je lui donnai Arsenicum qui ne produisit aucun effet. Je restai assis près du lit, inquiet et peu sûr de moi. Bien sûr, j’avais essayé de comprendre quelle était la situation de cette jeune femme par l’intermédiaire de mon étudiant et avait prescrit Bryonia car elle restait allongée, complètement immobile, à nouveau, sans effet. Je continuai avec Opium, qui ne changea rien à la situation, mis à part le fait qu’elle s’assit, se pliant en avant et ramenant les genoux vers elle, offrant une image précise du remède suivant : Colocynthis. À ce moment, son histoire devint claire: un événement familial l’avait beaucoup touché et elle était extrêmement en colère. Quinze minutes plus tard, la douleur s’était nettement améliorée et elle demanda quelque chose à manger. J’osai alors rentrer chez moi pour me reposer, sachant qu’elle vivrait. Le lendemain, elle vint me voir et il n’y avait plus de masse à la palpation de son abdomen.

Inutile de préciser que je n’aurais jamais osé faire cela en Hollande ; l’urgence et la nécessité changent les règles ! 

La diarrhée du voyageur

À la suite d’une expérience personnelle, je demande toujours aux patients qui reviennent de voyage en pays tropical s’ils ont vécu une situation où ils ont eu très peur. Il y a vingt cinq ans, je voyageais au Népal. Un soir où nous étions dans un gîte, nous avions été menacés par un groupe de jeunes hommes qui faisaient la fête et nous nous étions enfuis, pensant être poursuivis, ce qui en fait ne fut pas le cas. Dieu merci, des gens proposèrent de nous héberger pour la nuit. C’était la dernière soirée d’un trek de trois semaines ; nous retournions à Katmandu par bus le jour suivant. Ce n’est qu’en montant dans le bus que je me sentis finalement en sécurité. À peine avions nous démarré que les premiers signes de diarrhée apparurent. Je n’oublierai jamais ce voyage. Avoir la diarrhée lorsqu’on voyage dans un bus des années cinquante qui cahote sur des routes de montagne longeant des précipices n’est pas une situation enviable, et dans mon cas s’ajoutait un sentiment de honte. Malheureusement, à cette époque, je n’avais pas de trousse de remèdes homéopathiques ; je n’avais d’autre choix que d’endurer la situation. Quelques semaines plus tard, mes problèmes intestinaux passèrent. Une dizaine d’années plus tard, je fis, avec plusieurs collègues, une expérimentation de remède. La deuxième nuit après la prise, je fis un rêve : j’étais poursuivi par trois géants. J’arrivais à m’échapper mais je demeurais très anxieux. À mon travail le lendemain, je pouvais à peine rester assis à mon bureau car je devais courir aux toilettes constamment ; j’avais la diarrhée. Je découvris alors que le remède que nous expérimentions était Opium : diarrhée après peur, affections provoquées par la honte. Quelques jours plus tard, je vis un patient qui revenait des tropiques avec des problèmes intestinaux après avoir agressé. Opium apporta une solution à ses problèmes.

Photos: Wikimedia Commons
Rainer Haessner; construction of a new house nearby the street between Kathmandu and Bhaktapur
Kogo; market day at Namche Bazar (Khumbu, Nepal)

 

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Mots clés: douleurs abdominales aigües, gonflement, impossibilité de manger et de boire, colère intense, diarrhée après une grosse peur, honte
Remèdes: Arsenicum album, Bryonia alba, Colocynthis

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