2012 Octobre

J’ai l’œil d'un rapace : un cas de Falco peregrinus disciplinatus

de Colin Wood

Geoffroy a 36 ans en 2008. Depuis dix mois, il anime une nouvelle entreprise de construction de bâtiments écologiques. Bien que travailleur très assidu, il a du mal à faire avancer son projet à cause des relations qu'il entretient avec ses collègues et avec ses clients et qui tournent toujours mal. Il s’épuise. On remarque qu’il hésite à s’imposer en tant que chef de chantier.

Depuis sa naissance, il a contracté à plusieurs reprises des maladies graves, au nombre desquelles l’asthme. Il dut s’absenter souvent de l’école.

Ses cheveux en brosse sont blonds et presque albinos. Il est d’une ossature légère, toujours en mouvement. Il préfère ne pas s’asseoir et aime monter sur les toits. Pendant les pauses sur les chantiers, il a une manière particulière de se tenir debout, cigarette en main, un pied contre l’autre comme une ballerine, et aime bavarder en agitant les bras. 

Il a du charisme. Plein d’esprit, il impressionne par ses connaissances techniques relatives à son métier. Il montre un réel talent conceptuel pour dessiner les plans des bâtiments. Il ambitionne de mener un train de vie écologique, collectif, coopératif et indépendant du système, avec l’envie d’enseigner tout cela. À la fin d’une dure journée sur son chantier, il n'hésite pas à travailler sur l’ordinateur jusqu’à minuit pour développer son entreprise. Il achète son papier à écrire et ses stylos chez un fournisseur écologique.

En même temps, il fait part d'une contradiction :

Geoffroy (G) : « Il s'agit du respect que j'éprouve pour autrui. Quand je les respecte, ce sont les autres qui ne me respectent pas, comme s'il s'agissait d'un test pour savoir si j’ai du respect pour moi-même. Mon problème est d’être crédible à mes propres yeux. J’essaie de me distancer du fait que je me suis manipulé moi même, j’ai trop donné. L’autre profite de moi sans que je puisse dire “Non! Stop!” J’essaie de ne pas tomber dans ces schémas. Plus j’en suis conscient, plus cela devient un blocage.

« Je n'arrive pas du tout à m'amuser avec les gens, à faire la fête, à me détendre, à me reposer. Il s’agit de déguisement, donner une bonne impression. Je suis bon pour faire croire que je vais bien. Je suis un bon comédien.

« J’ai une grande franchise mais de la vigilance à l’intérieur. Je ne peux jamais lâcher prise. Je suis effrayé en pensant que je peux parler de moi comme s'il ne s'agissait pas de moi.

« J’aimerais sentir plus, rayonner plus. Je suis toujours froid, sournois, parce que j'aspire à ce que tout soit transparent, fluide, juste, clair, et à être le premier être transparent. Je calcule. »

Colin Wood (CW) : Comment se manifeste ce sens que tu as du non respect ?

G : « J’éprouve un sentiment de colère presque comme un dragon. Cela va jusqu’à avaler l'autre. Je n'ai pas de limites physiques, pas d’interdits. Déconnecté – rien n’existe que la colère. À une époque, j'éprouvais de la colère contre les choses. Il y avait une Volkswagen ensablée. Je l’ai levé par les roues et vomi – pas de limites. »

CW : C’est en rapport avec quelles situations ?

G : « Des situations que je vois : de la guerre et des enfants qui meurent de faim. La télé de 20h nous montre la guerre à Noël, et nous mangeons tous. J'ai envie de mourir ; horrible ce monde, le quotidien. »

CW : Ce sont des situations lointaines. Est-ce que tu le ressens si c'est plus proche ?

G : « Ce qui me touche, je le ressens moins, ce qui touche mes proches, beaucoup plus : notre propriétaire a accusé ma compagne d’avoir saboté la chaudière. Je me suis mis dans une violente COLÈRE comme cela ne m'était jamais arrivé. »

CW : Toujours sous contrôle ?

G : (signe de tête, oui) « J'ai hurlé, pas insulté, mes yeux lançaient des éclairs. J'essaie d’observer ce que je dois faire si quelqu'un me frappe. »  

CW : Tu ne donnes jamais le premier coup ?

G : « J'en ai envie, même de tuer. Ma mère était violente, schizophrène, meurtrière et suicidaire. Mon père était pire encore parce qu’il se tenait là pendant qu’elle fumait (avec mon asthme) et qu’elle nous frappait. Ma mère adorait et détestait à la fois ses parents. Son père a voulu avoir un fils. Une semaine avant leurs visites elle devenait même plus violente et plus angoissée. Quand ils étaient là, elle était hystérique mais pas violente. On n'avait pas le droit de s'arrêter de bouger. Par exemple, le jour de la fête, où on aurait aimé rigoler tranquillement, ils nous ont fait lever à 6h. J’ai passé mon enfance entre les murs des casernes. Je ne sortais de la caserne que pour aller à l’école, qui était en face de notre maison. Du côté de ma mère, ils étaient militaires et du côté de mon père policiers mobiles. Mon grand-père était un colonel et a combattu pendant les trois guerres.

CW : Lequel des parents était le plus proche de toi ?  

G : « C'est mon père qui prenait soin de nous, qui s'occupait du logement et de notre nourriture. Il voulait nous protéger mais avait peur que ma mère parte. Il n’a jamais réussit à choisir. Je suis l’aîné de quatre enfants. Nous n’avons pas trop de relations maintenant. Quand j’avais onze ans, nous avons décidé de ne pas dire à notre père que notre mère nous battait. Cela aurait prolongé l'histoire et nous avions envie de rigoler.  Je me suis souvent réfugié dans la nature, seul dans la montagne, ainsi que dans le savoir. La botanique me passionne. Je ne crains plus la douleur physique. »

CW : Y a-t-il des personnes que tu admires ?

G : « Gandhi – révolutionnaire libertaire et pacifique. Ensuite, certains maîtres des trois piliers équilibrés du travail : l’esprit, la terre et les arts martiaux – lutter dans l’amour de son adversaire. Ma compassion est égale à l’égard de toutes personnes, même pour les miens. Ma compagne a beaucoup souffert. »

Antécédents médicaux:

Méningite à l'âge de 6 mois                             

Asthme, toutes les nuits de 2 ans et demi à 16 ans et ensuite à 29 ans

Eczéma

Démyélynisation

Sclérose en plaques à 30 ans         

Neuro-algo-dystrophie

Epistaxis

Pityriasis

Accidents et blessures

Maladies récentes:

Cou raide et douloureux à l’extrême

Maladies digestives ; nausées et diarrhées

Grande fatigue

Pathologies familiales : cancer chez mon père et ses deux sœurs. Une sœur de mon père a eu une maladie neurologique rare qui l’a poussé au suicide. Les deux sœurs sont mortes la même année après la mort de leur père.

CW : Concernant ton sentiment de non respect, où est-ce que tu ressens les douleurs ? 

G : « Au ventre, à la gorge, des crispations, j'étouffe avec des crises d’asthme, j'ai chaud, j'éprouve un point de douleur au cœur, j'ai la tête en coton avec du brouillard et suis étourdi. Le tout dure de 15 à 20 minutes, sauf les douleurs au cœur qui continuent plus longtemps. Ça va mieux quand je suis couché et seul. »

« Après avoir quitté la maison à 14 ans, et jusqu'à 23 ans, je me suis engagé dans des activités autodestructives : les sports extrêmes comme la spéléologie très technique ; l’escalade libre non cordée ; le ski nautique, le déluge, le torrent (à bobsleigh). En haute montagne, en solitaire par mauvais temps. Je volais. Pas de logement, dix-huit mois sous les ponts. J’étais le leader d’un gang appelé « les camionneurs » où, avec un semi-remorque, on vidait les étalages d’un magasin ; 230 000 € en un quart d'heure. Je faisais des faux papiers pour ceux qui en voulaient. À l’armée, j’ai publié sur internet les plans de déplacements des troupes au Kosovo ; ce n'est pas illégal. On m’a dit : « Tu ne dois pas appartenir à la famille de ton grand-père. » Ils m’ont envoyé en camp disciplinaire. Ce n’était pas si mal que ça. Trois fois, j’ai déserté et appelé le capitaine pour lui dire que j’avais déserté. Je n’ai jamais fait de prison ; tu peux négocier avec eux ! Ils ont peur du système. »

« La démyélinisation a abouti à la sclérose en plaques en 2002. La jambe gauche n’a plus eu de sensation. On aurait dit du carton pendant six mois. Depuis, je suis toujours fatigué, malgré les remèdes homéopathiques, et stressé, par la naissance de ma première fille et par la gestion de mon entreprise de jardinage. »

« Pendant ce temps, j'ai fait un transfert par rapport à ma mère. J’étais hanté par la pensée de la mort tout le temps et j’en suis sorti. Je pensais : « elle est mortelle, » avec la peur qu'elle meure, tout le temps. J'ai craqué, j’ai déprimé, j’ai essayé de me suicider. »

CW : Comment ?

G : « Avec des médicaments. J'ai perdu pied avec le rationnel, je me suis désincarné. La folie m'a pénétré. Le suicide a été la meilleure chose. Je ne regrette pas de l'avoir fait. »  CW : Parce que ?

G : « Cette tentative a coupé le rapport avec ma mère – effectivement, avec la mère. Pas un cri "à l’aide" mais avec l'intention de mourir. La mort entraîne une vie neuve. C’était deux crises de cœur. Jusque là, j’avais des liens avec des familles. »

CW : Ça été la coupure, donc, avec toutes les familles, y compris ta compagne et tes enfants ? (Signe de tête affirmatif ; il ne les a pas abandonné physiquement.)

Rêves :

Depuis des nombreuses années, je vois l’image récurrente d’une petite boule blanche qui s’approche de moi et grossit plus loin que mon champ de vision. Et ça se répète.

En Amérique du Sud, je suis assis sur une pierre au milieu d’un torrent. Je vole avec des ailes au dessus d’une rivière, d'une cascade et d'un village. Je descends dans le village et je suis homme. J’ai l’œil d'un rapace ou, en tous cas, d'un oiseau prédateur. J'éprouve une sensation de liberté en lien avec la nature et l’humanité.

Prescription : Falco peregrinus disciplinatus 1M (le faucon pèlerin en captivité)[1]

Suivi : Quinze jours après la consultation, mais en attendant l’arrivée du remède et sans avoir dit son nom, nous vîmes au ciel deux buses qui tournaient en rond. Geoffroy fut émerveillé et raconta spontanément: « Les rapaces surfent sur des courants d’air jusqu’à six mille mètres. Les plumes des ailes contiennent de l’air chaud. Ils peuvent se diriger dans un tunnel noir et complexe, tournant par-ci, par-là, sans jamais rien toucher. Chaque œil est capable de jouer un rôle indépendant de l’autre. Avec un œil pour la vision générale, il tourne la tête pour que l’autre fixe et zoome. »

Un mois plus tard: « J’ai retrouvé du respect pour moi même. Je travaille avec une nouvelle énergie, jusqu’à 2h parfois et je me lève à 6h. Dorénavant, je ne travaillerai plus avec des artisans. Je les embauche et je prends toutes les décisions. Il y a quinze jours, j’étais déprimé. Au travail, j’ai toujours eu de bons résultats, mais la façon d’y arriver…! Il y a eu un incident où un collègue a cassé une machine. Je lui ai dit : ‘Je ne demande pas de paiement mais je ne te paie pas.’ »

Un an plus tard: il témoigne d’un surgissement d’énergie qui le porte entre six ou neuf mois. Il ne revient pas pour que je puisse répéter la dose.

Deux ans plus tard: J’observe que, bien que ce remède soit bon pour lui, au lieu de l'équilibrer, il développe ses idées et projets. Tout au début de son entreprise, il travaillait avec un seul ouvrier, deux ans plus tard, il emploie treize salariés en trois équipes qui livrent des maisons en paille préfabriquées dans un rayon de 300 km ! C’est génial mais, en ce moment, l’entreprise se retrouve en liquidation parce que : « Ils ne s’entendaient pas entre eux et je n’ai pas réussi à gérer cette difficulté.”

[1] L’expérimentation complète de Falco peregrinus disciplinatus se trouve à : http://www.hominf.org/proving.htm

Photo: Wikimedia Commons
Hood for Falco peregrinus; Lucien Mahin

 

 

Catégories: Cas
Mots clés: asthme, respect, crédibilité, colère, suicide, autodestruction, sclérose en plaques
Remèdes: Falco peregrinus disciplinatus

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cas de Falco
Reply #2 on : Tue November 20, 2012, 14:18:57
Le Falco peregrinus disciplinatus de l’expérimentation (qu’a faite Misha Norland en avril, 1997) est disponible chez Helios:

97 Camden Road
Tunbridge Wells
Kent TN1 2QR
Angleterre
tel 0044 1892 537254
fax 0044 1892 546850
messagerie 0044 1892 536393
pharmacy@helios.co.uk
www.helios.co.uk

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Reply #1 on : Mon November 19, 2012, 14:07:18
Quel laboratoire produit le médicament falco peregrinus??

Merci de votre aide pour trouver ce médicament