2012 Avril

Expérimentation de la ratte d'égout: Rattus norvegicus

de Michelle Sarrazin

Les rongeurs n'ont, à ma connaissance, pas donné lieu à beaucoup d'études, l'expérimentation de poils de ratte d'égout, qui faisait suite à deux autres expérimentations de rats, en Californie par Nancy Herrick et en Inde par Jayesh Shah, a été passionnante à mener et m'a permis, depuis, de reconnaître les points de connivence avec cet animal chez certaines de mes patientes pour des prescriptions aux résultats encourageants.

Origine du remède

J’avais mis une nasse dans la cave depuis plusieurs semaines avec, comme appât, des friandises de gomme rouge à la puissante odeur de fraise synthétique. Le surmulot est un animal curieux et gourmand. Captif, il se laisse séduire par tout ce qui est nouveau, mais sauvage, son intelligence et son extrême méfiance peuvent l’éloigner longtemps d’un appât pourtant attractif. Les graines et blocs paraffinés rodenticides sont souvent de couleur rouge.

Le 3 janvier 2003, deux jeunes bêtes s’y font prendre, leur petite taille et leur couleur uniformément grise me font d’abord croire que ce sont de grosses souris, mais la longueur de la queue, qui ne dépasse pas celle du corps entier, ne laisse aucun doute : il s’agit de deux « rats d’égout » ou rat brun ou surmulot : rattus norvegicus. Transférées dans une cage à oiseaux avec grandes difficultés (cris aigus, bonds), elles s’en évadent tout de suite car les barreaux en sont trop souples, mais elles seront vite récupérées.

Elles vont vivre quatre mois dans une vaste cage, qui en contient une plus petite, garnie de foin et de journaux pour leur servir de refuge. Un délai de « quarantaine » me semblait indispensable pour ne pas administrer aux expérimentateurs un produit venant d’animaux malades, et pour leur laisser le temps de devenir adultes, donc plus facilement identifiables sexuellement et sûrement différentes d’un point de vue hormonal. Il m’a toujours semblé que les symptômes d’un remède animal, et particulièrement d’animaux à sang chaud, devaient sans doute présenter certaines caractéristiques spécifiques selon qu’il provenait d’un mâle ou d’une femelle adultes.

Mi–février elles avaient leur aspect définitif : il s’agissait de deux femelles gris-brun, avec une zone de poils presque noirs tout le long de l’échine.

Il n’y a pas eu d’essai d’apprivoisement. Je me limitais à approvisionner les écuelles, changer l’eau de boisson et la cage était régulièrement nettoyée.

Il était évident, malgré leur grande ressemblance physique, que ces deux petites bêtes avaient des caractères assez différents. La plus ronde, qui était d’emblée entrée plus facilement dans la cage, était plus « calme », en tout cas plus statique, pouvait être touchée (prudemment… j’ai quand même reçu un petit coup de dent). C’est elle qui fournira le poil pour fabriquer le remède. La plus fine était beaucoup plus en alerte. La crainte la pétrifiait jusqu’au moment où elle bondissait vers ce qui la menaçait, en poussant des cris aigus J’ai pu identifier, chez ces animaux silencieux, un autre son dissuasif, une sorte de « Kè-Kè » bref et comme dit à voix basse. Toutes deux, à la peur, se tiennent aussi longtemps qu’elles le peuvent parfaitement immobiles, à tel point que l’on peut soulever les journaux dans lesquels elles se dissimulent sans qu’elles trahissent leur présence, puis elles s’enfuient subitement jusqu’à leur habitacle avec une vitesse surprenante et de grands bruits de piétinement.

Elles n’ont jamais abandonné l’idée d’évasion. Ce sont des animaux discrets, à l’activité vespérale et nocturne, je ne savais pas trop ce qu’elles faisaient de leurs nuits, et vers 8h30 ou 9h du matin elles allaient se coucher. Mais, le matin tôt, je trouvais toujours l’une ou l’autre immobile et pendue en haut du même angle de la cage, le museau pointant à travers le grillage. Elle restait là jusqu’à ce que je ne l’observe plus, la fine se précipitait alors dans sa cachette, la ronde y retournait plus posément. J’ai mis longtemps à comprendre qu’elles se relayaient pour ronger méthodiquement une petite surface carrée du grillage au-dessus d’elles, juste suffisante pour leur passage, et que j’ai dû renforcer tant elles l’avaient amincie. Il suffit d’un interstice de 25mm pour qu’un rat adulte puisse s’insinuer.

Dans leur refuge, elles étaient toujours installées chacune à une place déterminée qu’elles n’intervertissaient pas. Il n’a pas été difficile de ne pas induire un apprivoisement, bien que ce soit de très jeunes animaux, dans la mesure où elles étaient deux, quasiment tout le temps ensemble, côte à côte, l’une rejoignant l’autre à la moindre crainte. Il sera intéressant de voir apparaître fréquemment, dans les rêves des expérimentateurs, la présence de deux femmes, ou, auprès de ceux-ci, d’une soeur, d’une nourrice, etc. Je ne les ai jamais vues avoir une attitude agressive l’une envers l’autre.

Autres caractéristiques

*Un ami, jardinier de métier, et qui semblait bien les connaître, disait que les rats ont « une hygiène particulière », sans préciser en quoi elle l’était. J’ai mieux compris ce qu’il voulait dire. En effet, ce sont des bêtes extrêmement propres, qui passent beaucoup de temps à entretenir leur pelage, qui, en particulier, se nettoient méthodiquement après avoir eu peur. Mais elles couvrent de leurs excréments (petites crottes noires allongées) leurs zones de passage, les papiers sous lesquels elles nichent, qu’elles imbibent aussi de leur urine d’un jaune soutenu, et même leurs aliments. O. LAURENT fait remarquer qu’en déposant ponctuellement leur urine sur leur parcours, les rats tracent des pistes qui deviennent de véritables fils conducteurs au sein de leur territoire. L’odeur de leur cage était dissuasive pour qui n’avait pas l’intérêt de les étudier et une certaine sympathie pour elles…
« L’unité du groupe se fonde sur les odeurs; et plus particulièrement sur une odeur familiale commune qui exclut d’emblée tout individu qui ne la possède pas. Qu’un intrus ignore cette règle et il est aussitôt rejeté par les autres membres avec un bel esprit de solidarité. » (O. LAURENT)

*Museau, langue, oreilles et pattes deviennent rose vif quand l’animal a trop chaud ou quand il est caressé (caractéristique constatée aussi lors de l’élevage d’une femelle Rattus rattus domestiquée, et d’un jeune écureuil roux)

*Alimentation omnivore à prédominance de céréales, refus des aliments qui ne sont pas d’une parfaite fraîcheur. Même en ayant, en permanence, les mangeoires pleines d’une nourriture diversifiée, elles ne sont pas devenues trop grosses et ont toujours emporté une partie des victuailles pour la dissimuler dans leur « nid ».

Le 17 février 2003, j’ai prélevé sur la plus ronde, avec une petite pince métallique, une touffe de poils qui a été transmise, dans un récipient stérile, à Monsieur DEVRIÈRE, de la pharmacie des Archers à Épernay, où a été effectuée la préparation homéopathique. Dès que le remède a été disponible, dans les différentes dilutions souhaitées pour l’expérimentation, j’ai pu rendre aux animaux leur liberté, à l’endroit exact de leur capture.

Expérimentateurs et méthodologie

Treize personnes; 9 à Toulouse et 4 à Carcassonne, guidées par Jean-Thierry CAMBONIE, se sont prêtées au jeu de cette expérimentation. Des granules en 9, 15 et 30 CH leur ont été réparties et la pathogénésie a été conduite suivant les modalités recommandées par J.BAUR et J.SHERR.

Le travail d'observation d'eux-mêmes qu'ils ont fait, remarquable de précision et souvent long, a fourni une grande quantité de signes. Quinze « expérimentateurs-flash » , au cours de la Trobada d'OC de 2003 ont fourni aussi des éléments concordants malgré la brièveté de l'étude. La transcription en termes répertoriaux a donné 523 rubriques dont ce travail va tenter d'extraire les caractéristiques les plus significatives, les « curiosités ».

Symptômes-clefs

« Un rat est venu dans ma chambre,

il a rongé la souricière,

il a arrêté la pendule

et renversé le pot à bière »

Pas d’entraves, temps immobile et désordre, Pierre MAC ORLAN « La fille de Londres » avait raison, nous allons le voir.

Signes communs à toute pathogénésie

Jonathan SHORE fait remarquer à quel point certains symptômes sont inhérents au seul fait d’expérimenter un remède, quel qu’il soit. C’est effectivement une aventure excitante, un peu inquiétante parfois, déstabilisante. Le fait d’être habité d’une « énergie » différente, d’éprouver des signes inhabituels, étrangers à l’observateur de ses propres réactions, peut entraîner un sentimentd’étrangeté, l’impression d’avoir pris une drogue psychotrope, de la confusion, des erreurs de mots, de la désorientation dans l’espace ou le temps. Notre groupe n’y a pas échappé. Une place à part sera réservée à la confusion temporelle, aux erreurs pour se situer dans la journée, la semaine et même le mois qui ont été très fréquentes.

Signes évocateurs de l'animalité

Les éléments ayant trait à la sexualité, à la nourriture, au danger, menace, agressivité, à la juvénilité et au territoire étaient bien classiques, certaines caractéristiques l'étaient beaucoup moins:

1. Sexualité
Dans les rêves sexuels, détails bizarres:
- Le sexe est tordu, les seins comme des framboises granuleuses.
- Ambiguïté sexuelle: une femme a un clitoris comme un petit pénis.
- Homosexualité: un ami homosexuel mais pourtant fiancé à une jeune fille, une  lesbienne qui vient d'accoucher.

2. Importance de la nourriture, retrouvée dans de multiples rêves, mais il faut remarquer avec quelle fréquence il s’agit, dans cette pathogénésie, de repas pris en collectivité.

3. La notion de danger a été exprimée dans la réalité par la peur d'avoir une maladie grave, en particulier cérébrale, et l'inquiétude qu'elle provoquait, pour des signes qu'un homéopathe aurait pu reconnaître comme banals au début d'une pathogénésie (confusion, erreur de mots, instabilité) contraste avec le peu d'importance qu'ont, dans les rêves, des situations dramatiques: tremblements de terre, guerre, imminence de la mort.

Nous verrons plus loin que cette dernière caractéristique est un élément majeur de ce remède et je le rapproche d'une constatation faite lors de la prescription thérapeutique de Ratta n.: toute les patientes auxquelles je l'ai donné avec des résultats intéressants (sous réserve d'un manque de recul) souriaient gentiment, de façon tout à fait naturelle, en m'exposant leurs chagrins et difficultés.

4. Juvénilité
Comportement enfantin, « humeur guillerette de jeune fille », impression de rajeunissement de la peau du visage, «s ensation d'être adolescent et en pleine forme », rêves de jeux d'enfants, de cirque.

5. Poils
Le « pelage »  a eu de l'importance: cheveux devenus gras, ou frisés, ou tombant, rêves de pilosité pubienne fournie, de « hamsters très poilus », de chevelure rousse, d'homme qui s'est rasé tous les poils.

6. Territoire
Une expérimentatrice a ressenti si fortement la nécessité d'avoir son endroit à elle, son «nid", qu'elle n'a pu changer de place, pourtant mal située, pendant tout le congrès au cours duquel elle avait pris leremède. Elle n'a pu abandonner sa chambre d'hôtel que le lendemain de la fin du congrès au lieu departir le soir même, et, pendant quelque temps, là où elle allait, elle s'installait de préférence « dans uncoin », « au fond » et toujours à gauche.

Signes évocateurs du rat

(caractéristiques de l’aspect ou du comportement des rats en général ou caractéristiques des deux rattes de l’expérimentation)

1. Il y a eu de nombreux rêves représentant deux femmes dans des situations conviviales, de connivence, d'entraide; des rêves d'enfants qui grandissent très vite, des rêves de tunnel, de tube (égout?), d'eau sale, et plus évocateurs encore:

(J6) Une lesbienne vient d’accoucher dans une chambre d’hôtel. Sa compagne a failli jeter des linges contenant des excréments, le bébé est dedans à la surprise de tout le monde (c’est moi qui dit de regarder avant de jeter). Le bébé est très petit (environ 20cm). Les filles et moi sommes contentes mais je sens que quelqu’un n’est pas content, je ne me rappelle plus qui ; la direction del’hôtel où autre autorité (N°2).

(J16) Nous sommes dans un pays lointain, sur une terrasse qui domine des paysages changeants. Tout à coup c’est un troupeau de vaches beiges avec une raie noire sur le dos…(N°9)

(J8) Je suis tranquille, il me semble que je suis petite, car après un événement (?) je cours le long du canapé et vois qu’il y a, sur l’assise et par terre, des taches d’eau (?) bleutée, (c’est mouillé), sur un fond beige à poil court: le canapé (cette expérimentatrice a signalé avoir les urines bleutées pendant la pathogénésie). Je me demande bien d’où ça peut venir. (N°9)

(J7) Je me tiens au bord d’une cuvette (géographique), je me vois de loin, je suis de dos. Je porte une serviette orange sur le bras. Il me semble qu’il y a urgence car il y a danger. (Lors de laréunion de synthèse, l’expérimentatrice se souvient, qu’enfant, elle allait avec d’autres enfants tirer à la carabine sur des rats, du bord d’une sorte de carrière concave à ciel ouvert) (N°9)

(J7). Là, j’ai besoin d’aller aux toilettes, et je m’aperçois que j’ai une souris cachée dans ma culotte. C’est une jolie souris marron, pas effrayée du tout. Je trouve ça drôle. (N°5)

(J9) Une porte est entrouverte, j’essaie d’entrer, mais je ne peux pas car je marche sur plein de couvertures (doux, moelleux) qui empêchent l’entrée. Pour moi la pièce est vide mais je discute avec ? (moi ?) : s’il y a tant de couvertures c’est qu’elles ont été imprégnées de l’odeur (enveloppement de moi ? de l’autre,) pour que le chien (enfermé ou pas derrière la porte) puisse dépister un ennemi : on ne sait pas où peut se cacher un ennemi, il faut tout prévoir, même les plus proches peuvent être concernés : d’où l’imprégnation pour détection à l’insu de l’intéressé (lequel ?), l’ennemi est peut-être plus proche qu’on ne croit, cela peut être l’autre … ou soi-même ! On ne sait pas qui il peut être ! On le saura grâce à la détection olfactive du chien. Peur d’être mon ennemie. Cette peur persiste dans une discussion avec mon mari, à 5h du matin, je peux me nuire…(N°9)

(J2)…J’ai la sensation d’un corps tout rond, tout tendu, comme plein d’air, tellement je suis ronde mais légère. Pas grosse... je m’amuse ainsi avec un autre petit phoque exactement identique (N°13).

(J12) …j’ai l’impression de me réveiller. Je sais où je suis, je sens sur mon visage la couette qui me recouvre, et quelque chose d’assez gros me passe dessus en piétinant. Je veux crier pour le faire fuir, me redresser, je ne peux pas bouger, pas ouvrir les yeux, je suis aphone. La chose, qui me semble diabolique, tape fortement et vite le bout de mon lit. Je suis terrifiée. Malgré tous mes efforts, mes yeux restent clos et il ne sort qu’un ridicule filet de voix éraillée de ma gorge. Je me suis réellement endormie avec un début d’angine, je pense que l’enrouement en est cause. J’envoie des pensées menaçantes pour faire fuir cette chose, je m’imagine hurlant à pleine voix, les yeux, que je ne peux toujours pas ouvrir, exorbités par la menace. Et, en même temps, j’espère que c’est un rêve, que je n’arrive pas à en émerger mais que c’est mon compagnon qui m’apporte le petit-déjeuner et qui tape sur le fond du lit pour me réveiller. Je me réveille, seule, encore apeurée, et descends vite le rejoindre dans la cuisine. J’ai les paupières un peu collées, comme les jours précédents au réveil, je suis un peu enrouée mais pas aphone. En écrivant ceci dans mon cahier d’expérimentatrice, je suis enthousiasmée car je pense que ça doit ressembler à ce qu’éprouve un rat menacé, dissimulé dans sa cachette (N°1)

(J18) C’est un pays en guerre. Nous essayons, à trois ou quatre, de nous introduire dans un bâtiment, peut-être pour délivrer des gens. Pendant que les autres cherchent une issue, je monte sur le rebord d’une corniche et commence à avancer à quatre pattes. Mais j’aperçois de petites ouvertures rondes dans le mur, à intervalles réguliers, comme des judas, et je dois passer en dessous, en m’aplatissant, pour ne pas être vue de l’intérieur, pendant que les autres, que je rejoins, cherchent une ouverture par laquelle s’introduire, en bas du bâtiment, au ras du sol (N°1).

(J20) J’ai accepté d’héberger une personne étrangère qui dormirait dans un lit sur une mezzanine. Elle monte l’escalier de meunier avec toute une file d’autres personnes, je pense qu’elles ne peuvent pas toutes dormir là, mais elles pénètrent dans le grenier par un panneau du plafond en soupente, qui se soulève. Je pense que personne ne se rendra compte de leur présence (N°1).

(J3) Je suis dans un puit fait de briques, je suis en bas dans l’eau sale, c’est sale et épais comme dans de l’eau d’égout et je veux sortir et je vois très loin en hauteur une petite lumière (N°11).

2. Signes physiques:

Urines jaune vif. d'odeur plutôt agréable, « de violette », « comme du gâteau »  (point de vue du rat) ou malodorantes (point de vue des autres).

Voix et rires aigus

Selles: au réveil pas d’effort pour exonérer « de gentilles petites boules douces ».

Extrémités : callosités des faces palmaires des doigts, sous les jointures.

Face: au réveil lèvres très roses, comme maquillées, langue rose (d’habitude elle est plutôt blanche).

Autres signes

3. Groupe social et familial:

La cohésion du groupe est certainement une condition de survie pour les rats, O.LAURENT remarque, chez les rats captifs, c’est-à-dire qui n’ont plus à établir et maintenir une hiérarchie par la force, l’absence d’attitude agressive, un caractère paisible, sociable et affectueux. « Les différents individus s’entraident mutuellement dans les « tâches » quotidiennes comme le toilettage. Il n’est, en effet, pas rare d’observer les rats occupés à nettoyer les parties du corps que l’autre ne peut pas atteindre. »

Ce thème a été très évident dans cette étude. Un des rêves l'exprime bien:

Je me réveille au moment d’un rêve où quelqu’un me disait « ce n’est pas de sommeil dont vous avez besoin, mais de reconnaissance sociale. » ?! En allant uriner avant de pouvoir me rendormir, à 3h30 du matin, je pense que c’est quand même de sommeil dont j’ai besoin.

Ce thème s'est traduit par: .

- Bienveillance, tolérance pour des personnes pas bien supportées habituellement.

- Nombreux rêves faisant intervenir des membres de la famille: parents, nourrice, enfants,

  frères et soeurs, marraine.

- Des rêves de reproches pour manque d'égards envers la famille ou le groupe.

- Bienveillance, harmonie avec les autres, fraternité.

- Rêves d'aider, de secourir, de soigner.

4. Les enfants:

Dans les rêves, c'était presque toujours des bébés ou des enfants très jeunes,

- Dans des situations de vulnérabilité ou de danger

- Ou qui grandissent rapidement
Les jeunes rats sont sevrés à quatre semaines et très dégourdis déjà à trois semaines.

Plusieurs expérimentatrices ont éprouvé une impatience inhabituelle vis-à-vis de leurs enfants.

« Au moment du sevrage, les petits – d’élevage - doivent impérativement être séparés de leur mère qui risquerait, sans cela, de leur manifester une agressivité parfois mortelle. » (O.LAURENT)

5. Ici et maintenant:

Une caractéristique frappante de cette étude a été le sentiment très marqué, pour la majorité des expérimentateurs d’être parfaitement « enracinés », bien posés dans la réalité immédiate de leur vie. C’est peut-être inhérent au règne animal, mais cela a rarement été décrit avec autant de cohérence. Beaucoup des signes, des comportements rapportés ci-après, en découlent.

La notion d’avant, d’après, de passé, de futur, n’a plus de signification ou d’importance. Les personnes que l’on ne supportait pas, pour des raisons antérieures, sont de nouveau bien tolérées, la spontanéité des relations familiales et professionnelles n’est pas inhibée par la crainte de retentissement néfaste. Une des expérimentatrice a dit: « Pourquoi se priver, dans l’instant, de ce qui faitplaisir, en invoquant des conséquences futures ou pour des raisons intellectuelles? » Elle expliquait ses achats futiles en disant que les réflexions du type « je n’en ai pas besoin », « je vais manquerd’argent » n’ont plus de prise. On est devant ce qui fait envie, on l’achète. Et qu’il en est de même dans la relation avec les enfants, où n’interviennent plus les craintes de donner de mauvaises habitudes, ou d’être en contradiction avec des principes généraux ou éducatifs. Ses propres désirs etbesoins sont reconnus, exprimés sans acrimonie, et il découle souvent, de cet état d’esprit, un grand sentiment de calme, de bien-être et une bonne efficacité dans l’action et la relation à l’autre. .

Erreurs multiples concernant le temps: « J'ai mélangé les heures. »; « En partant, mercredi, j'ai dit: bon week-end. » ; « Je dis hier pour quelque chose qui s'est passé dans la matinée, » etc. 

Instant présent: « J'ai envie de me raconter maintenant, ni mon passé, ni mes projets. » ; « Tranquille, je me repose sans projet, j'écoute le vent. » 

On peut rapprocher de cette notion d'instant présent, d'immédiateté, la brièveté de beaucoup des signes physiques éprouvés, qui ne duraient que quelques instants. 

En retard sans culpabilité, sans conséquence 

Calme, paix, assurance, tranquille, se fait plaisir

Indolence, nonchalance

Bien-être psychique, bonne forme physique, content de soi: de son apparence physique, de ses odeurs corporelles

Peur, anxiété disparues

Situations réelles ou rêves dans lesquels les évènements ne sont pas graves: libido diminuée mais il s'en fout, rêves d'être en retard à un cours de danse, d'entrer en scène sans costume, de ne pas arriver à faire l'amour, et, nous l'avons vu plus haut d'être menacé de mort, sans que cela ait la moindre importance.

Détachement affectif, égocentrisme: « Je n'ai fait que ça: penser à moi. » ; « L'opinion des autres m'indiffère. » ; « C'est comme si tous ces évènements ne pouvaient atteindre  mon intégrité, comme si ma personnalité (corporelle et mentale) ne pouvait être entamée. » ; « Je me suis créé un espace autour de moi pour penser plus à moi. Besoin de m'écouter. » ; « Je pense que c'est par indifférence que l'on a moins de mal à accéder au désir des autres, donc plus tolérant et attentif. » 

Liberté, déprogrammation, desinhibition: « Disparition de l'idée de DEVOIR » ; « J'ai échappé au devoir. » ; « Besoin d'espace autour de moi, facilité pour imposer mes besoins, absence d'états d'âme. » ; « Moins de rigidité avec mon fils de quatre ans. » Deux autres expérimentatrices ont su exprimer avec détermination des demandes ou des refus, contrairement à leur caractère habituel.

Efficacité, organisation.

Sens aigu du corps: « Tranquille, je me repose sans projet, j'écoute le vent. Je m’endors 10 minutes, essaie de lire, pas faim. Conscience de mon corps comme si je levoyais de l’extérieur. »

6. Amusement, dépenses d'argent, futilité

Achats, parfois coûteux, pour s'offrir ce qui était désiré mais déraisonnable, ou ludique mais complètement inutile. La légèreté et l'insignifiance se sont traduites aussi par des rêves des chanteurs et chanteuses de variétés, vedettes de cinéma ou du sport (ceci à été retrouvé dans les rêves de plusieurs patientes soignées par ce remède). Tendance à plaisanter, rire, rire involontaire en pensant à une situation gênante.

7. Féminité

Beaucoup de rêves concernant la mère ou son substitut (nourrice, marraine)

Beaucoup de rêves où des femmes, soit deux, soit en groupe, se trouvaient dans des situations de sympathie, d'entraide, de danger, conviviales ou érotiques.

8. Saleté, désordre

Aversion pour, voire aggravation par le bain, l'eau

Désordre considéré comme amusant, « oubli » de se laver les dents 

Rêves de désordre, saleté, ordures, poubelles, excréments

9. Noir

Envie de voir du noir, rêves de personnages et animaux noirs

10. Animaux

Deux expérimentatrices ont mieux supporté les chats, l'une en a eu moins peur, l'autre a eu l'impression de mieux les comprendre. 

Beaucoup de rêves d'animaux variés, dans certains des rêves: transformation en êtres humains, ou l'inverse: la chouette devient une jeune fille douce, le cheval devient un homme fruste, costaud « bébête » ; « Un gars avec des tatouages en couleur sur la figure ; Il vient de les faire faire. … Parfois son image se transforme, avec une trompe, etc. »

11. Divers signes psychiques (non exhaustif):

Aggravation par les boissons alcoolisées

Aversion pour le bruit

Améliorée par le brouillard, le temps gris

Désir de couleur jaune

Désir de ne pas être vue, d'invisibilité

Sensation de légèreté

Envie de se rouler par terre

Peur des grands couteaux, de la pointe rétractable d'un stylo à bille, du feu

Prémonition

12 Divers autres rêves (non exhaustif)

Détails anatomiques ou physiologiques, plaies, blessures, handicaps

Effrayants, semblant réels après le réveil ou illusion d'être réveillé

Église, lieu de culte

Feu

Hauteur, lieu élevé

Mariage

Petite taille, miniatures: lit, voiture, êtres humains

Spectacle, théâtre

Personnages suspendus

Torture, électricité

Vastes espaces (pièces ou lieux)

Voitures, trains, trajets

Peur d'être volé

13 Divers signes physiques (non exhaustif)

Il a été frappant de voir à quel point les symptômes physiques, même intenses, étaient fugaces.

Sensations de lourdeur, pesanteur. Prurit, fourmillement, grouillement

Tropisme lingual

Goût métallique ou acide dans la bouche

Ballonnement intestinal

Diverses descriptions des selles et des urines

Règles courtes et minimes, sans les signes prémenstruels habituels désagréables

Sensation que le coeur bat fort

Sensation de vibration, au lit

Éruption desquamante des mains

Besoin de sommeil l'après-midi. Intéressant quand on sait que les rats ont surtout une activité nocturne, mais à vérifier ; la pathogénésie s'est déroulée, en grande partie, pendant l'épuisante canicule de l'été 2003.

Beaucoup de désirs alimentaires, désir de boissons alcoolisées qui saoulent facilement, aggravent ou améliorent. Aggravation par le tabac. Aliments salés préférés (et même la boisson du matin remplacée par de la soupe).

Conclusion

Cet exposé s'est limité à présenter les éléments le plus caractéristiques, mais de très nombreux autres signes, originaux et souvent cocasses, ont été relevés et figurent intégralement en annexe du recueil de la pathogénésie (voir en fin de texte). J'espère que ce travail, complémentaire de ceux de Nancy HERRICK sur le rat d'égout mâle (sous le nom de « Sanguis soricis ») et de Jayesh SHAH sur la ratte noire (Rattus rattus), incitera à prescrire ces remèdes afin d'en enrichir la connaissance et de vérifier la pertinence des différents signes. Je serais très reconnaissante à celles et ceux qui voudront bien m'adresser leurs observations en cas de prescription de Ratta norvegica.

Bibliographie

- BAUR : « Qu'est-ce qu'une pathogénésie? » Communication présentée au Centre homéopathique lyonnais le 23 novembre 1962. Éd. des laboratoires J. BOIRON. Angoulême 2ème trimestre 1966

- AYERGUIDE – ANIMAL - PROBLEMES : http://animal.bayer.be/problemen/ratten.shtml
- HAINARD R. « Mammifères sauvages d’Europe » Delachaux et Niestlé S.A. Lausanne (Suisse) 1997
- HERRICK N. pathogénésie Sanguis soricis (Rattus norvégicus) USA California. Référence Works.

- HODGSON B. « Le rat. Une anthologie perverse », Seuil, Paris 1997

- LATTEUR G. : « Lutte contre le rongeur » publication du Département de Lutte Biologique et de Ressources Phytogénétiques. Gembloux. (Belgique)

- LAURENT O. : « Les rats ». De Vecchi. Paris. 2002

- SHAH J. pathogénésie Inde février 1997. Référence Works

- SHERR J. : « La pathogénésie homéopathique. Principes et méthodologie. » Similia 1997.

- SARRAZIN M.: « Ratte d'égout, compte rendu d'une expérimentation pas du tout dégoûtante. Actes de la Trobada d'OC juin 2005 p. 231-242-SARRAZIN M.: « Cas Ratta norvegica »: Echos du Centre Liégeois d'Homéopathie 18è année N°108 p32-52.

Il est possible de se procurer :

- Le texte intégral, avec la liste des symptômes en termes répertoriaux, et une comparaison avec les travaux de Nancy HERRICK sur Rattus norvégicus mâle (Sanguis soricis) et de Jayesh SHAH sur Rattus rattus femelle:

auprès de Florence FORTUNÉ, Société de Médecine Homéopathique de Midi-Pyrénées (SMHMP): 69 avenue Victor Ségoffin, 31400 TOULOUSE (France) Tel.: +33 (0) 5 61 55 03 04 ( prix 15 e + port: 5 e)

- Le remède : à la pharmacie des Archers: 47, rue Saint-Thibault, 51200 ÉPERNAY (France) Tel.: +33 (0)3 26 55 30 00

Il est prudent de préciser que l'on souhaite la souche étudiée par M. Sarrazin et J.Th. Cambonie, car la dénomination par le préparatoire à été longtemps imprécise et sujette à confusion, avec Rattus rattus en particulier.

Je recherche les pathogénésies d'autres rongeurs, et serai très reconnaissante à qui pourra m'informer à ce sujet, ou me procurer du poil de rongeurs non encore expérimentés.

Michelle SARRAZIN ; mic.sar@wanadoo.fr

Photos: Wikimedia Commons
Female pet rat, 5 months old, with dumbo ears; Oskila
Brown rat (Rattus norvegicus) climbing a birdhouse; Losch
Young rats; Zboralski
Irish rat; Krasavin

 

 

 

 

Catégories: Expérimentation
Mots clés: expérimentation
Remèdes: Rattus norvegicus

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