Traitement homoeopathique des maladies des organes de la respiration (1874)
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ARTICLE PREMIER : PLEURÉSIE. (Point de côté.)

 

Inflammation de la plèvre, de forme aiguë ou chronique.

 

Invasion brusque ou phénomènes fébriles comme dans la pneumonie, avec cette différence pourtant que le frisson est moins violent et s'observe plus rarement. Se distingue de la pneumonie en ce que les douleurs lancinantes et compressives (points de côté) sont bien plus marquées.

 

— Maladie très-fréquente surtout dans les pays soumis à des changements brusques de température. L'homme y paraît plus sujet que la femme.

 

Les symptômes de la forme aiguë sont :

 

Douleur variable d'intensité siégeant ordinairement sous le mamelon du côté affecté, ou au niveau de la base de la poitrine, ou en arrière dans le dos, plus rarement vers l'aisselle. Cette douleur ordinairement vive, pongitive, déchirante, fixe ou peu mobile, qui augmente par l'inspiration, par la toux et par la pression intercostale aussi bien que par les mouvements, est quelquefois le seul symptôme fonctionnel observé d'abord, le seul symptôme qui quelquefois caractérise toute la maladie.

 

Dyspnée plus ou moins prononcée ; respiration courte, fréquente, anxieuse, gênée au moindre mouvement. Toux le plus souvent rare, sèche, pénible ; souvent elle manque totalement, ou du moins elle reste insignifiante et toujours sèche ; expectoration salivaire ou blanchâtre. Bruit respiratoire plus faible même avant l'épanchement, parce que vu l'intensité de la douleur, les malades dilatent incomplètement la poitrine. Le pouls est fréquent, la peau chaude ; il y a soif et anorexie. Le malade reste couché sur le dos, incliné sur le côté de la douleur.

 

Arrive bientôt l'exsudat qui est le produit de l'inflammation des séreuses et qui ne pouvait donc pas manquer dans l'inflammation de la plèvre, le type des membranes séreuses. Cet exsudat peut se borner à établir des adhérences entre les deux feuillets de la plèvre ou constitue un épanchement dans la cavité pleurale. A l'endroit de l'épanchement on trouve le son moins clair, ou même tout à fait obscur, ou nul, suivant la quantité de liquide. Matité avec résistance sous le doigt et contrastant avec le son tympanique de la région sous-claviculaire.

 

A la palpation, diminution ou abolition complète des vibrations thoraciques et parfois, si l'épanchement est considérable, refoulement du foie ou de la rate vers l'abdomen ; à l'auscultation, affaiblissement du murmure vésiculaire, souffle tubaire, égophonie et plus rarement pectoriloquie éloignée. L'épanchement a lieu dans le point le plus déclive de la cavité pleurale, à l'union du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs de la côte, à la concavité de la grande courbure des côtes. Là, on constate d'abord une diminution de la sonorité et plus tard une matité même plus complète que celle de l'hépatisation.

 

— Le bruit de frottement pleural est le signe qui annonce la complète résorption de l'épanchement dans les points où des dépôts pseudomembraneux entretiennent encore pendant longtemps une certaine matité avec faiblesse souvent très-grande du murmure vésiculaire.

 

Mais revenons aux symptômes fonctionnels bien plus utiles à relever. La douleur pleurétique peut avoir un foyer principal à la hauteur de la dixième côte environ ; la moindre pression sur ce point arrache un cri et provoque parfois une sorte de suffocation ; le refoulement de bas en haut de la région de l'hypocondre provoque aussi une douleur vive, de même que la pression de la partie postérieure du dernier espace intercostal et surtout celle de l'intervalle des attaches du sterno-cléido-mastoïdien sur le trajet du nerf phrénique du même côté. La douleur peut quelquefois être spontanée dans ce point et avoir un caractère lancinant de l'hypocondre à la base du cou ; enfin des douleurs spontanées peuvent aussi exister dans la région sous-claviculaire et irradier vers l'épaule.

 

— Respiration exclusivement costale, précipitée, haletante, comme convulsive. Toux plus fréquente, plus continue, toujours sèche. Pouls accéléré, concentré. Rire sardonique. Hoquet. Nausées et vomissements. Ictère. Nuits agitées, exacerbation le soir. Délire, coma.

 

Dans la forme chronique les symptômes sont à peu près les mêmes que ceux de la pleurésie aiguë avancée. Les phénomènes purement physiques qui révèlent l'épanchement ne sont modifiés en rien ; seulement comme l'exsudation, tant liquide que membraneuse, est très-abondante, l'égophonie est rare, le son de la poitrine est extrêmement mat, le souffle et la voix bronchiques sont communs, et l'auscultation ne fait plus entendre aucune, espèce de bruit.

 

— Il y a seulement à noter quelques particularités symptomatiques : au lieu d'une réaction fébrile, bien nette, fièvre hectique. La douleur est mal accusée ou nulle. Anxiété, faiblesse, pâleur et dépérissement. Anasarque et œdème du membre supérieur du côté affecté.

 

La pleurésie chronique est tantôt consécutive à la pleurésie aiguë, tantôt primitive. Dans les deux cas on la constate presque toujours chez des sujets affectés de tubercules pulmonaires et de cachexies diverses. Il faut faire la part des affections graves concomitantes qui sont souvent l'origine de l’épanchement pleurétique et dont les symptômes peuvent aisément se confondre avec ceux dus à la complication pleurale.


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