Traitement homoeopathique des maladies des organes de la respiration (1874)
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CHAPITRE VI : DE LA TOUX.

 

La toux est un symptôme d'affections multiples, variées, aiguës ou chroniques, quelquefois légères, le plus souvent d'une haute gravité.

 

Comme symptôme, la toux ne fait pas exception à la règle qui veut de toute nécessité que pour être bien adapté au cas morbide, le médicament recouvre tous les symptômes et non pas seulement le symptôme prédominant ; donc la toux ne règne pas plus en souveraine qu'aucun autre symptôme, qu'on le sache bien.

 

Cependant la toux est susceptible de prendre une prépondérance tellement significative qu'elle exige une attention toute spéciale et, l'on ne saurait le méconnaître, il est très-avantageux de l'étudier sous toutes les formes qu'elle peut revêtir, dans toutes les nuances qui peuvent la distinguer, parce qu'elle est souvent appelée à représenter le caractéristique des cas particuliers soumis à notre observation.

 

Or, une fois caractéristique, elle devient l’indice le plus certain du remède curatif, non-seulement de la toux, mais de l'ensemble de la maladie.

 

L’énumération qui suit a ses longueurs, parce que j'ai voulu la rendre aussi complète que possible, mais les praticiens ne s'en plaindront pas.

 

Comme symptôme fonctionnel, la toux a des caractères variés en raison de sa très-grande fréquence et des conditions très-diverses dans lesquelles elle se montre.

 

Elle offre une sonorité ou une intensité variable, elle survient par secousses isolées ou par quintes plus ou moins violentes ; elle est rare ou souvent répétée.

Sèche ou suivie d'expectoration.

 

Ces caractères servent à déterminer sa condition pathologique, question capitale à trancher pour établir le diagnostic ; mais, ce qui est plus important de mettre ici en relief, ces caractères fournissent des indications thérapeutiques.

 

Le point de départ de la toux doit être cherché :

 

1° Dans une des nombreuses affections des voies respiratoires ;

2° dans des maladies d'autres organes plus ou moins éloignés ;

3° dans une affection générale, aiguë ou chronique.

 

Dans les affections des organes respiratoires, elle coïncide avec d'autres symptômes qui en établissent la valeur et déjà, sans parler de cette valeur que lui donne l'ensemble des symptômes, elle a dans quelques-unes de ces affections des caractères spéciaux : elle est sèche, déchirée, éteinte, dans l'œdème de la glotte, affection presque constamment mortelle où l'inspiration est bruyante et difficile, l'expiration restant libre, et dans laquelle le doigt, parti derrière la base de la langue, peut reconnaître le gonflement de la membrane infiltrée et le caractère œdémateux de ce gonflement ; elle est rauque et éclatante dans le pseudo-croup ; éteinte ou nulle dans le vrai croup. Dans la coqueluche elle survient par accès spasmodiques caractéristiques.

 

La toux peut exister en l'absence de signes physiques du côté de la poitrine et comme un phénomène morbide isolé en apparence ; alors des,doutes se présentent sur sa signification : c'est la toux sèche qui est dans ce cas. On la rencontre au début de certaines phthisie pulmonaires, mais pour acquérir alors toute sa valeur, il est nécessaire qu'il s'y joigne d'autres signes tels que : une hémoptysie, de l'amaigrissement, une diarrhée répétée avec tendances à la chronicité ou des signes physiques sous-claviculaires.

 

Quand tous ces signes font défaut, une toux sèche peut dépendre d'une simple anémie, de la présence de vers intestinaux, d'une simple névrose ; elle est quelquefois sous la dépendance de la chorée et de l'hystérie, et alors elle est tantôt fréquemment répétée et presque continue, tantôt régulière dans son retour par accès ; ici, elle affecte un certain rhythme monotone ; là, elle est stridente, rude, rauque, bizarre ou elle prend un timbre particulier ressemblant à un cri d'oiseau, etc.

 

Au moment de l'auscultation de la poitrine, la toux rend plus nets ou même révèle l'existence de râles humides qui sont inaperçus quand le malade ne tousse pas.

 

Chez les femmes grosses, la toux violente et longtemps répétée peut amener l'avortement ; prévenu du danger, on songe mieux à le prévenir.


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